Final Fantasy Tactics – The Ivalice Chronicles

Une Renaissance Tactique Qui Méritait Mieux
Square Enix nous propose avec Final Fantasy Tactics – The Ivalice Chronicles (FFT) une version définitive de l’un des tactical RPG les plus respectés de tous les temps. Développé par le Creative Studio III de Square Enix sous la direction de Naoki Yoshida et édité par Square Enix lui-même, ce remaster revient enfin sur nos consoles après vingt-huit ans d’attente. Le travail de fond réalisé sur cette version fait honneur à l’œuvre originale de Yasumi Matsuno tout en l’adaptant aux standards modernes. Il est temps de découvrir OU de redécouvrir les contrées d’Ivalice.
Le Royaume d’Ivalice Revisité : Une Histoire Qui N’a Pas Pris Une Ride
L’histoire de FFT demeure l’un des scénarios les plus matures et complexes de la franchise Final Fantasy. On suit les aventures de Ramza Beoulve, troisième fils d’une illustre famille de chevaliers, et de son ami d’enfance Delita, dans un royaume d’Ivalice déchiré par la Guerre des Lions. Ce conflit oppose deux factions nobles qui se disputent la régence d’un royaume dont le roi est mort, laissant un héritier de seulement deux ans.
Le génie narratif de Matsuno réside dans cette approche à trois échelles : l’histoire personnelle de Ramza et sa quête de justice, les machinations politiques qui secouent le royaume, et enfin une mythologie plus large impliquant des démons anciens appelés Lucavi. On nous propose une épopée vraiment de qualité, abordant des thèmes matures comme la lutte des classes, la corruption religieuse et politique, et les sacrifices nécessaires pour défendre ses convictions.
Un Contenu Généreux pour les Stratèges en Herbe
FFT propose un contenu d’une richesse exemplaire. La campagne principale s’étend sur quatre chapitres substantiels, complétés par de nombreuses quêtes secondaires et missions d’escorte qui enrichissent l’univers. Le système de classes (jobs) constitue le cœur du gameplay avec 38 classes différentes disponibles, des basiques comme Écuyer et Chimiste jusqu’aux prestigieuses classes avancées comme Samouraï, Ninja ou Arithméticien.
La gestion de l’équipe devient un véritable jeu dans le jeu. On peut recruter de nouveaux membres, capturer et dresser des monstres, notamment les iconiques Chocobos, et même transformer certaines créatures en objets via le système de braconnage. Le donjon secret Le Gouffre de Midlight offre un défi supplémentaire conséquent pour les perfectionnistes. N’oubliez pas, on est toujours mieux à dos de Chocobo.
Un jeu profondément stratégique…
Les combats se déroulent généralement sur des cartes isométriques 3D de 16×16 cases, privilégiant des affrontements tactiques intenses avec des équipes réduites plutôt que des batailles d’envergure.
L’une des spécificités du gameplay réside dans son système de Charge Time ou Temps de Charge (TC). Contrairement aux RPG tactiques classiques comme Fire Emblem qui alternent entre phases joueur et ennemi, Final Fantasy Tactics utilise un système dynamique basé sur la vitesse de chaque unité.
Chaque personnage commence avec 0 TC au début du combat. À chaque « tick » d’horloge, le TC de chaque unité augmente en fonction de sa statistique de Vitesse. Quand une unité atteint 100 TC ou plus, c’est son tour de jouer. Le TC peut dépasser 100, et après l’action, l’excédent est conservé pour le tour suivant.
Les actions consomment différentes quantités de TC :
- Mouvement + Action : 100 TC
- Mouvement seul : 80 TC
- Action seule : 80 TC
- Attendre : 60 TC
Le système d’altitude ajoute une dimension stratégique cruciale. Les unités en position élevée bénéficient de bonus aux dégâts et à la précision, tandis que les attaques depuis une position basse subissent des malus.
Les attaques de flanc ( sur les côtés) et de dos infligent également des dégâts bonus, rendant le positionnement critique pour maximiser l’efficacité au combat.
Un autre aspect unique de ce jeu, concerne le système de compatibilité zodiacale ainsi que le sexe du personnage. Chaque personnage possède un signe astrologique basé sur sa date de naissance, influençant directement l’efficacité des interactions entre unités.
La compatibilité affecte :
- Précision des attaques et sorts
- Dégâts infligés et soins prodigués
- Réussite des sorts de statut
Un personnage masculin du signe Bélier aura une compatibilité optimale avec un personnage féminin du signe Balance, rendant tous les soins et buffs quasiment infaillibles. À l’inverse, la pire compatibilité Balance masculine réduira drastiquement l’efficacité des interactions.
Tout comme selon le genre du personnage, il y aura une influence sur les évolutions et accès de Jobs, le ménestrel est un job réservé aux hommes et La danseuse pour les femmes. Le genre du personnage influe sur l’effet de progression et d’évolution et les statistiques globales, le jeu va vraiment loin sur le côté immersif.
… Mais qui a été « simplifié »
Malheureusement Square Enix a décidé de simplifier certaines fonctions dans la version Ehanced,
Les différences statistiques de base entre unités masculines et féminines ont été abolies. Hommes et femmes partagent désormais les mêmes valeurs d’attaque physique, magique ainsi que de points de vie et de magie.
Les restrictions de classes basées sur le genre ont été supprimées : les joueurs peuvent désormais assigner n’importe quelle classe à n’importe quel personnage, homme ou femme. Un homme peut devenir danseur et une femme Ménestrel, ce qui n’était pas possible dans les versions originales. Le système d’équipement exclusif à certaines classes selon le genre a été revu lui aussi.
Le système de compatibilité zodiacale, s’il existe toujours, ne repose plus sur la notion de genre opposé ou identique, évitant ainsi les pénalités de compatibilité dues au genre comme dans le jeu original.
C’est un dilemme classique dans le remastering de jeux culte : simplifier pour toucher un public plus large ou garder les complexités qui ont forgé la légende, quitte à rebuter certains joueurs. Square Enix a clairement choisi la première option, privilégiant une expérience plus moderne et moins exigeante.
Cela n’enlève en rien à la qualité du jeu mais, pour ma part je trouve que cela coupe un énorme aspect propre à ce qu’il fait un jeu de rôles et surtout la beauté de ce jeu qui allait loin pour peaufiner ses équipes, la meilleure option aurait été de laisser le choix aux joueurs d’avoir ou non la possibilité de retrouver ce gameplay dans la version Ehanced.
Le mode classique n’a pas été retouché donc les joueurs voulant retrouver l’esprit original du jeu avec toutes ses fonctions devront jouer à cette version.
Deux Philosophies, Un Seul Jeu
FFT propose une approche unique avec ses deux modes distincts. La version Enhanced modernise l’expérience avec des graphismes améliorés, une interface repensée, le doublage intégral anglais et japonais et diverses options de confort. La version Enhanced propose trois niveaux de difficulté, histoire, standard et tactique
La version Classic conserve fidèlement l’esthétique PlayStation originale tout en bénéficiant de la traduction et de la sauvegarde automatique ainsi que de l’expérience complète. Le système de permadeath ajoute une tension constante : un personnage tombé au combat doit être soigné dans les trois tours, sans quoi il disparaît définitivement
Malheureusement, le jeu ne propose pas Xbox Play Anywhere, contrairement à la plupart des récentes sorties Square Enix.
Une Mise à Jour Respectueuse
Sur Xbox Series X, le jeu tourne en 4K/60fps de manière parfaitement stable. La Series S se contente de 1440p mais maintient les mêmes 60 images par seconde.
La direction artistique d’Hiroshi Minagawa conserve tout son charme. Les environnements en pixel art haute définition et les animations de combat restent impressionnantes même trente ans après la sortie originale.
Une Bande-son Orchestrale Intemporelle
La partition de Hitoshi Sakimoto et Masaharu Iwata demeure l’une des plus belles réussites musicales de Square Enix. Les 71 pistes de la bande-son originale, remasterisées pour l’occasion, accompagnent parfaitement l’atmosphère médiévale-fantastique d’Ivalice. Des thèmes mémorables comme ceux de Ramza, d’Ovelia ou la poignante « Apoplexy » résonnent avec la même force émotionnelle.
Le style orchestral de Sakimoto, reconnaissable entre mille, trouve ici l’un de ses terrains d’expression les plus aboutis. Chaque combat, chaque moment narratif bénéficie d’un accompagnement musical parfaitement adapté.
Un Chef-d’Œuvre Intemporel Remis au Goût du Jour
Final Fantasy Tactics – The Ivalice Chronicles réussit le pari difficile de moderniser un classique sans dénaturer son essence. Cette version définitive respecte l’œuvre originale tout en la rendant accessible aux joueurs contemporains. Il est juste dommage que Square Enix n’ait pas laissé le choix aux joueurs de la version Ehanced de pouvoir profiter de l’expérience complète.
Heureusement, le système à deux modes satisfait aussi bien les puristes que les nouveaux venus, et la qualité de la localisation française rattrape enfin des décennies de frustration.
Certes, le gameplay peut paraître rigide face aux productions actuelles, et l’absence d’Xbox Play Anywhere déçoit. Mais la richesse du contenu, la profondeur du système de classes et la maturité du scénario compensent largement ces défauts. Final Fantasy Tactics reste LE MONUMENT du tactical RPG qui mérite sa place dans toute ludothèque qui se respecte.
Pour les amateurs de RPG tactiques, c’est un achat évident. Pour les autres, c’est une excellente porte d’entrée dans un genre exigeant mais gratifiant. Square Enix livre ici un remaster exemplaire qui honore l’héritage de Matsuno tout en ouvrant la voie à une nouvelle génération de stratèges.