Octopath Traveler 0

Développé par Acquire en collaboration avec Square Enix, sous la direction créative de Team Asano (l’équipe derrière la série Bravely Default et Triangle Strategy), Octopath Traveler 0 vient d’un jeu mobile datant de 2020, Champions of the Continent complété par de nouvelles mécaniques de gameplay. Square Enix reste l’éditeur, et donc que vaut ce jeu passé du système gacha mobile à une expérience console ?
On part de zéro
Octopath 0 se positionne comme un préquel, se déroulant environ deux ans avant les événements du premier jeu. Le monde que nous explorons s’appelle Orsterra, et il est frappé par une catastrophe majeure, la destruction de Wishvale, une petite ville dont vous avez la responsabilité de la reconstruire.
Au lieu de suivre les histoires individuelles de huit voyageurs distincts comme dans les opus précédents, nous créons notre propre héros et débloquons plus de trente personnages recrutables au cours du voyage. Le jeu s’organise autour de trois arcs principaux : Les maîtres de la richesse, du pouvoir et de la renommée, chacun centré sur des antagonistes avec leurs propres motivations.

Les histoires individuelles des antagonistes ne sont pas toujours engageantes. Certains d’entre eux sont franchement génériques, avec des motivations qui se résument à « je suis méchant parce que…. je suis méchant !! ».
Comme dit plus haut, le cœur narratif du jeu est la reconstruction de Wishvale. Au fur et à mesure que vous progressez dans le jeu, vous invitez des personnages à s’installer dans votre ville, et au fur et à mesure nous allons déverrouiller les fameuses discussions privées qui nous permettront d’enrichir la compréhension d’autres personnages et apporter du vivant à notre monde.

Une formule qui marche
Si vous avez touché aux jeux précédents de la série, vous connaissez déjà le système Break and Boost. Le Break, c’est votre capacité à abattre les défenses d’un ennemi en exploitant ses faiblesses répétées jusqu’à ce que sa jauge de protection tombe à zéro. Une fois cassé, l’ennemi prend le double de dégâts et ne peut pas agir pendant sa durée. Le Boost, c’est l’inverse : vous accumulez des points de boost chaque tour et vous pouvez les utiliser pour amplifier vos actions. Trois points maximum par tour, jusqu’à cinq accumulés.
Ce système fonctionne toujours aussi bien. L’action d’utiliser trois boost points sur une attaque simple pour frapper quatre fois consécutives, suffisant pour briser l’ennemi, puis d’attendre votre tour suivant pour libérer tout l’enfer avec un coup surboosté, cela reste toujours autant jouissif. On ne change pas une formule gagnante, et j’apprécie que Square Enix ait choisi de ne pas dénaturer cela.

Pour cet opus, la structure des combats a changé, vous pouvez avoir jusqu’à huit héros contrairement à quatre précédemment, quatre en première ligne, quatre en arrière-plan. Les personnages à l’arrière regagnent automatiquement leurs PV et leur magie chaque tour. Vous pouvez les échanger avec ceux en première ligne à volonté
Les interactions privées ont également été retravaillées. Au lieu de dépendre du personnage que vous contrôlez, elles dépendent maintenant des valeurs que les PNJ défendent, Richesse, Pouvoir ou Renommée. Vous pouvez « Acheter » quelque chose à quelqu’un qui valorise la Richesse, « Engager » sa compétence, « Combattre » pour impressionner ceux qui valorisent le Pouvoir, ou les « Inspirer » via la renommée.

Héros en devenir
Pour la première fois dans la série, vous créez votre propre personnage afin d’être maître de votre destin.
Concernant les personnages recrutables, le jeu nous propose un roster de plus de 35 alliés. Cela inclut les huit voyageurs originaux du premier épisode, qui peuvent être recrutés ici, bien que leur histoire personnelle du 1 ne se déroule pas, créant une continuité intéressante. Les personnages que vous rencontrez appartiennent à trois catégories principales : richesse, pouvoir et renommée, vu plus haut, mais aussi d’autres compagnons qui rejoignent votre cause à travers des quêtes secondaires et des rencontres.

Le problème avec ce grand nombre de personnages, c’est qu’ils ne reçoivent pas tous l’attention narrative qu’ils méritent. Beaucoup sont des personnages « fonctionnels », ils ont leurs histoires personnelles mais comparés aux huit protagonistes de Octopath Traveler 2, ils donnent une impression d’être moins développés. On se retrouve avec les deux extrêmes, certains sont vraiment bien construits, d’autres font plus office de figurants et c’est dommage car il y a des jeux comme le super Unicorn Overlord ou chaque personnage est traité à la perfection.
Il y a aussi une distinction intéressante entre les personnages aux jobs « ordinaires » et ceux avec des jobs spécialisés. Quelques-uns de ces derniers ne vous restent que temporairement, se joignant à vous pour des chapitres importants avant de partir.

HD-2D sublimé
Square Enix cible 120 FPS avec une résolution native pouvant atteindre 4K sur les écrans compatibles. Dans la pratique, le jeu oscille généralement entre 1440p et 4K selon la charge visuelle, maintenait une cadence proche de 120 FPS la majorité du temps. Il y a quelques légers ralentissements lors d’effets visuels chargés en combat, mais rien de compromettant. Le jeu possède la fonction Xbox Play Anywhere, un unique achat dématérialisé sur le store de Xbox vous donne accès à la version Xbox et PC, et le jeu tourne très bien que ce soit sur des machines modestes et à merveille sur Xbox Rog ally X ou non X.
Il n’y a pas de sélection de difficulté dans le style « Facile, Normal, Difficile ». Au lieu de cela, le jeu utilise un système de « niveau de dangerosité » pour vous indiquer combien une zone est punitive. Vous ajustez votre défi en vous mettant volontairement dans les endroits plus difficiles ou en évitant les zones surlevées. Je trouve que c’est une bonne idée pour ceux qui cherchent volontairement des défis.
Octopath 0 utilise le moteur HD-2D de Square Enix et cela reste toujours le point fort de ce style de productions. Pour ceux qui l’ignoreraient encore, le HD-2D mélange de l’art pixel 2D avec des environnements 3D, le tout vu depuis une perspective pseudo-isométrique rétro.

Grâce à cette direction artistique, Octopath 0 affiche une finition impressionnante. Les sprites des personnages bougent avec une fluidité et une maîtrise typique du pixel art bien compris. Les combats sont dynamiques, les attaques spéciales ont un vrai impact visuel. Les effets de lumière, d’ombre et de profondeur apportent à l’écran un véritable spectacle en pixel-art.
Comparé à Octopath 2, certaines zones m’ont paru moins soignées. Cela vient du fait qu’Octopath 0 adapte du contenu du jeu mobile Champions of the Continent, et cela se voit. Les palettes de couleurs dans certaines régions sont moins éclatantes que dans le deuxième jeu. Les détails des sprites de quelques personnages recrutés manquent un peu de définition par rapport aux protagonistes originaux du premier opus.

La Bande-Sonore et l’Audio
Yasunori Nishiki, le compositeur en chef depuis le premier Octopath Traveler, reprend du service ici. Et encore une fois on ressent cette force pour créer des bandes sonores orchestrales de qualité
La musique est composée exclusivement pour ce jeu. Elle ne se contente pas de rejouer les thèmes des opus précédents. Les compositions pour les boss combats possèdent une intensité appropriée, avec des crescendos bien placés qui correspondent aux phases du combat, sans parler du thème propre à chaque zone.

CEPENDANT !!, Là où ça devient cocasse, et je vais être honnête avec vous, je trouve cela énervant, le jeu n’existe qu’en anglais et en japonais sur toutes les plateformes. Et pendant ce temps, Octopath Traveler 1 et 2 possèdent tous deux une traduction française. Square Enix a même eu l’audace de faire de la publicité en français pour ce titre. L’ironie du sort, c’est le moins qu’on puisse dire.
Quand je vois que des petits studios arrivent malgré leur moyen à nous sortir des traductions textuelles en français et que de grosses sorties de ce genre… non, je trouve cela honteux qu’en 2025, à prix fort, le jeu n’ait pas la décence de nous proposer au minimum des textes traduits…surtout pour des jeux avec énormément de dialogues.

Un temps colossal
L’histoire principale dure autour de 80 à 100 heures selon votre vitesse de jeu et votre niveau d’exploration. Ajouter les quêtes secondaires, les boss secrets, les armes et armures cachées et le contenu de l’Arène des Monstres, et on arrive rapidement à 130-150 heures.
L’arc de reconstruction de Wishvale est particulièrement long, occupant plusieurs heures d’engagement. On rajoute aussi les niveaux d’affinités à explorer avec nos compagnons recrutés et je ne parle pas de la flopée de quêtes secondaires.

De 0 à héros
Octopath Traveler 0 est un JRPG au tour par tour traditionnel et une adaptation de ce qui était autrefois un titre mobile payant avec des microtransactions. Square Enix a fait du bon travail en le transformant en expérience console, mais on ressent clairement ses origines gacha tout au long.
Le système de combat est excellent, possédant la profondeur stratégique que les fans de la série apprécient. Les graphiques HD-2D continuent à charmer, les musiques sont toujours aussi sublimes, et les centaines d’heures de contenu offrent une valeur conséquente.
Cependant, les histoires des antagonistes peuvent être plates, certains personnages recrutables manquent de développement, et l’absence de traduction française pour un jeu aussi narratif est incompréhensible en 2025.
Pour les amoureux de la saga et qui n’ont aucun souci avec l’anglais, c’est un excellent jeu qui donne envie explorer les origines de l’univers d’Orsterra. Mais pour les nouveaux venus ou ceux allergiques à la langue de Shakespeare…je vous conseillerai plutôt de vous orienter vers les 2 précédents épisodes qui sont disponibles en français.




