Princess of the Water Lilies

Sorties le 20 novembre 2025 sur PC via Steam, Princess of the Water Lilies nous arrive du studio indépendant Whyknot Studio et de l’éditeur Red Dunes Games, basé à Abu Dhabi. Ce projet marque la toute première sortie de l’éditeur Red Dunes Games, une production particulièrement chère au cœur de son PDG Sultan Darmaki, lui-même grand amateur de chats et nostalgique des dessins animés classiques des années 80. L’ambition affichée était claire : créer une expérience qui ravive cette magie de l’animation traditionnelle tout en proposant un gameplay de plateforme-puzzle accessible et inventif
Une histoire pleine d’émotion
Princess of the Water Lilies adopte une narration visuelle, un choix audacieux et que j’approuve, pour moi un jeu sans dialogue est aussi percutant qu’un jeu avec des voix. On y incarne Princess, une adorable chatte grise élevée par une famille de grenouilles dans un étang paisible. Cela est le point de départ d’une aventure où notre héroïne féline découvre progressivement que son monde idyllique est menacé par de mystérieuses créatures mécaniques. Le sort du monde repose désormais sur ses petites pattes poilues, et contrairement à la légende des neuf vies, Princess n’en possède qu’une seule.
L’histoire se dévoile à travers l’expressivité de l’animation. On ressent véritablement l’attachement de Princess envers sa famille adoptive de grenouilles, et sa détermination à protéger son environnement naturel face à l’invasion des artefacts mécaniques créés par l’homme. Le conflit central explore cette tension entre le monde naturel et les créations humaines,
L’intrigue reste relativement simple, mais l’émotion transmise par les animations soignées et les interactions avec les différents personnages animaux suffit largement à nous porter jusqu’au bout de l’aventure.

Par le pouvoir du Ronron
Au cœur de l’expérience se trouve un collier magique offert à Princess, véritable clé de voûte du gameplay. En ronronnant, notre boule de poil libère une énergie magique capable de transformer son environnement, faire pousser des plantes, activer des champignons mobiles qui suivent nos déplacements, révéler des passages cachés, faire croître des ponts ou manipuler l’eau.
Les puzzles demeurent accessibles et bien construits, jamais vraiment complexes mais toujours satisfaisants à résoudre. Chaque zone introduisant de nouvelles utilisations du pouvoir de ronronnement sans jamais surcharger le joueur d’informations. Les énigmes se résolvent souvent par l’observation et l’expérimentation, et les sauts de plateforme ne sont pas difficiles ou punitifs, le jeu est accessible sur ce point.

Un monde Miaougnifique
La structure du jeu adopte un format semi-ouvert organisé en chapitres, chacun se concluant par un affrontement contre un boss. On explore différents biomes peints à la main. Chaque zone possède sa propre identité visuelle et ses obstacles spécifiques,
Le level design privilégie l’exploration à la ligne droite. Les zones fonctionnent comme de petits labyrinthes avec des retours en arrière, des raccourcis et des secrets bien cachés. Dès le premier checkpoint, un pourcentage de complétion s’affiche clairement, invitant les joueurs à fouiller chaque recoin pour dénicher tous les collectibles. Le jeu a un côté très simpliste de Metroidvania. Les niveaux se déploient autour d’une région centrale dynamique où de nouveaux chemins s’ouvrent au fur et à mesure de notre progression.
Les checkpoints sont nombreux et bien placés, ce qui atténue considérablement la frustration liée au système de mort en un coup. Car oui, Princess malgré le fait d’être un chat ne possède pas neuf vies mais que d’un seul point de vie, la moindre erreur, le moindre contact avec un piège ou un ennemi, et c’est le retour au dernier point de sauvegarde. Mais je vous rassure, ce système punitif au premier abord n’est pas une contrainte qui ne vous empêchera de jouer sans vous prendre la tête. Les pièges demeurent lisibles, les ennemis patrouillent de manière prévisible, et les séquences de plateforme restent suffisamment courtes pour éviter d’accumuler la frustration.

Les affrontements contre les boss constituent un aspect polarisant du jeu. Chaque chapitre se termine par une rencontre face à une créature mécanique imposante et le design visuel de ces adversaires est indéniablement réussi, fidèle à l’esthétique générale du jeu.
Ces affrontements frénétiques se contrastent avec le rythme posé des sections de puzzle-plateforme. On peut mourir un grand nombre de fois face à ces boss sans conséquence réelle grâce au système de respawn immédiat, permettant de réessayer autant de fois que nécessaire sans pénalité. Les combats reposent sur l’observation des cycles d’attaque et la mémorisation des patterns, même si certaines phases un peu longues peuvent provoquer quelques soupirs en cas d’échec tardif.
Une direction artistique qui fait envie
Le jeu brille par son identité visuelle et il est difficile de le nier. Les développeurs ont créé un univers net avec des personnages détaillés, des éléments d’environnement vibrants et des arrière-plans soigneusement composés. Chaque frame pourrait être extraite et accrochée au mur tant le travail artistique impressionne. L’animation dessinée à la main, inspirée des classiques de l’animation des années 80 à 90, dégage une chaleur nostalgique immédiate.
Le style visuel privilégie des contours traditionnels et une palette de couleurs lumineuse qui évoque naturellement l’univers Ghibli, ou encore, on aura une pensée pour le sublime Ori and the Blind Forest. On retrouve cette douceur caractéristique des films d’animation japonais, cette attention portée aux petits détails de la nature, la façon dont les feuilles frémissent, dont l’eau réfléchit la lumière, dont les créatures bougent avec fluidité. L’ensemble est parfait dans son exécution, avec une consistance graphique remarquable du début à la fin.
Techniquement, le jeu maintient un framerate lisse et constant sans problème visuel notable, que ce soit sur PC, Steam Deck ou Xbox ROG Ally X. Les temps de chargement demeurent discrets, la consommation minimale, et la prise en main immédiate.

Une écoute orchestrale envoûtante
La bande-son de Princess of the Water Lilies mérite qu’on s’y attarde. Composée par Scott Ampleford pour son tout premier jet dans le de jeu vidéo, la musique a été enregistrée par le prestigieux Budapest Scoring Orchestra. Ce choix d’un orchestre complet enregistré en live transparaît dans chaque note, apportant une profondeur et une richesse émotionnelle que les compositions synthétiques peinent à égaler.
Les thèmes sont doux et contemplatifs durant les phases d’exploration, puis montent en intensité lors des combats de boss. Les instruments traditionnels comme la flûte ajoutent une touche de fantaisie bienvenue, tandis que l’orchestration complète déploie toute sa puissance durant les moments clés.
Le sound design général reste simple mais efficace. Le ronronnement de Princess est réussi et les effets sonores des interactions avec l’environnement sont clairs et satisfaisants, et l’ensemble audio est bien équilibré.

Un voyage félin empreint de douceur et de magie
Princess of the Water Lilies a une âme et un charme qui le rendent mémorable. L’expérience qu’il propose se savoure sans se prendre la tête, en prenant le temps d’admirer chaque environnement peint avec amour, d’écouter une magnifique partition orchestrale, et de s’attacher à cette petite chatte courageuse (et puis les chats c’est la vie !!), le jeu n’est pas traduit en français mais ce n’est pas grave il n’a pas besoin de texte pour se savourer.
On note des combats de boss au design maladroit, un contraste tonal parfois déroutant entre les phases calmes et les affrontements frénétiques avec le système d’une seule vie.
Le jeu assume qu’il est une aventure douce et colorée, accessible à tous, qui privilégie l’atmosphère et l’émotion visuelle au code traditionnel. On se laisse porter par son univers enchanteur, on apprécie la qualité de son exécution artistique, et on pardonne volontiers ses quelques maladresses de design tant l’ensemble dégage une sincérité touchante.




