X-Out: Resurfaced

En cette fin septembre 2025, je me retrouve face à un défi particulier : tester X-Out: Resurfaced sur Nintendo Switch, un remake d’un shoot’em up sous-marin culte de 1990. Développé à l’origine par Rainbow Arts et aujourd’hui ressuscité par KRITZELKRATZ 3000 en collaboration avec ININ Games et Ziggurat Interactive, ce titre promet de faire remonter à la surface les souvenirs d’une époque dorée du shoot’em up horizontal. Mais après 35 années passées dans les abysses, X-Out mérite-t-il vraiment qu’on lui donne une seconde chance ?
Quand la science-fiction rencontre l’océan
X-Out: Resurfaced nous plonge littéralement dans un univers où l’invasion extraterrestre ne vient pas de l’espace, mais des profondeurs océaniques. L’histoire, bien que minimaliste comme souvent dans le genre, pose son cadre : des forces extraterrestres d’Alpha du Centaure ont pris le contrôle de nos océans, fusionnant avec des machines de guerre pour créer une armée de bio-mécanoïdes. En tant que dernier pilote du projet Deep Star, on incarne le dernier espoir de l’humanité pour repousser cette menace aquatique et faire tomber leur plan….à l’eau !!
Le setting sous-marin apporte une atmosphère unique qui tranchait déjà avec les productions de l’époque comme R-Type ou Gradius. Même si le scénario reste anecdotique, ce n’est après tout qu’un prétexte à l’action.
Il faut toutefois reconnaître que le jeu ne développe pas son lore. Pas de cinématiques élaborées ou de développement narratif approfondi : on est dans le pur arcade à l’ancienne, où l’action prime sur le storytelling.
L’art de la personnalisation sous-marine
Le cœur de X-Out: Resurfaced réside dans son système de personnalisation unique qui le distingue radicalement des autres shoot’em up. Contrairement aux Gradius et autres R-Type où on améliore progressivement un vaisseau fixe, ici on peut littéralement construire sa flotte sous-marine pièce par pièce. Avant chaque niveau, on passe par une boutique où on doit dépenser son score pour acquérir différents types de sous-marins, des armes principales et secondaires, ainsi que des satellites de soutien.
Ce système de boutique m’a souvent mis dans cette réflexion : dois-je économiser mes points pour maximiser mon score final ou investir immédiatement pour survivre plus longtemps ? Quatre types de sous-marins sont disponibles, chacun ayant ses propres caractéristiques en termes de résistance et de maniabilité et du nombre d’accessoires que nous pouvons équiper. Les options d’armement incluent des ondes soniques, des tirs puissants, des missiles à tête chercheuse, et divers satellites aux mouvements paramétrables.
Cette version 2025 améliore l’interface de la boutique originale. Là où l’ancienne version nous lâchait dans le grand bain sans explication, Resurfaced propose trois configurations pré établies pour les débutants tout en conservant la possibilité de tout personnaliser manuellement. Les descriptions d’objets ont été ajoutées et les emplacements d’armes sont maintenant clairement indiqués, rendant l’expérience bien plus accessible.
En termes de gameplay pur, X-Out: Resurfaced reste fidèle à son modèle : un shoot’em up horizontal exigeant où la précision est reine. Les contrôles sont parfaitement réactifs, et l’action se révèle particulièrement nerveuse. Toutefois, la courbe de difficulté s’avère impitoyable : un seul contact avec le décor signifie la mort instantanée, tandis que les projectiles ennemis grignotent rapidement notre barre de vie. Cette approche old-school ne pardonne aucune erreur et peut rebuter les joueurs moins aguerris.
Huit niveaux pour une plongée express
X-Out se compose de huit niveaux variés qui nous emmènent à travers différents environnements sous-marins. Chaque stage présente ses propres défis, avec des ennemis spécifiques et des boss redoutables qui concluent l’aventure. La progression à travers ces huit tableaux demande une maîtrise parfaite des mécaniques, car l’absence de système de sauvegarde nous renvoie au niveau 1 en cas d’échec.
Cette durée de vie peut paraître courte avec seulement trente à quarante minutes de jeu pour un joueur expérimenté, mais elle correspond aux standards de l’époque où la difficulté compensait la brièveté du contenu. La vraie durée de vie réside dans la maîtrise progressive des niveaux et l’optimisation de ses configurations d’équipement. Chaque run peut être radicalement différent selon les choix effectués en boutique, offrant une rejouabilité certaine.
Le jeu ajoute quelques nouveautés bienvenues à la formule originale. Un mode coopération locale permet désormais à deux joueurs d’affronter ensemble la menace extraterrestre, rendant l’expérience un peu plus accessible et conviviale. Un mode miroir, déblocable après avoir terminé le jeu, inverse le sens du scrolling pour renouveler le défi.. Ces ajouts, bien que modestes, apportent une valeur ajoutée sans dénaturer l’expérience originale.
Il faut cependant noter l’absence regrettable d’un mode permettant de basculer entre les graphismes d’époque et ceux du remake, une fonctionnalité qu’on retrouve dans d’autres remasters et qui aurait été la bienvenue ici. De même, l’absence de traduction française peut représenter un frein, mais le contenu textuel reste très limité et ne sera pas handicapant.
Un Pixel Art rétro fidèle et moderne
X-Out réussit le pari délicat de moderniser son esthétique tout en conservant son identité rétro. Les sprites pixelisés d’origine ont été entièrement recréés en haute résolution et enrichis d’effets de particules et d’éclairages modernes. Le résultat conserve le charme du pixel art de l’époque tout en bénéficiant d’un niveau de détail propre.
L’ambiance sous-marine est parfaitement rendue grâce à une palette de couleurs sombres et contrastées qui évoque efficacement les profondeurs océaniques. Les environnements regorgent de détails, des bulles d’air aux jeux de lumière qui rappellent constamment qu’on évolue dans un milieu aquatique. Les ennemis et les boss affichent un design bio-mécanique convaincant, mêlant créatures marines et technologie alien avec un style qui rappelle les meilleures heures de R-Type.
Cependant, cette direction artistique possède aussi ses défauts. La palette de couleurs lugubre peut parfois nuire à la lisibilité du jeu. Les obstacles environnementaux se détachent parfois mal du fond, causant des morts frustrantes par collision accidentelle, et je vous le dis des morts accidentelles vous allez en avoir. C’est d’autant plus problématique que toucher le décor entraîne une mort instantanée, contrairement aux projectiles ennemis qui ne font que réduire la barre de vie.
Sur Nintendo Switch, le jeu tourne parfaitement en mode portable comme sur télévision. Les pixels s’affichent sans accroc, et l’action reste fluide même lors des séquences les plus chargées. La Switch gère admirablement les effets de particules ajoutés sans le moindre ralentissement. Notez aussi que le jeu fonctionne parfaitement sur Switch 2.
Chris Hülsbeck frappe encore
L’un des points forts indéniables de X-Out: Resurfaced réside dans sa bande-son, entièrement remasterisée par Chris Hülsbeck, le compositeur légendaire à qui on doit notamment la musique de Turrican. Hülsbeck revisite ses compositions originales tout en créant six nouveaux morceaux inédits qui s’intègrent harmonieusement à l’ensemble.
Les mélodies electroniques conservent cette identité rétro-futuriste si caractéristique de l’époque Amiga ou Commodore 64 tout en bénéficiant d’un rendu audio moderne. Chaque niveau possède sa propre ambiance musicale, de l’inquiétante descente vers les abysses aux combats épiques contre les boss.
Le sound design général accompagne parfaitement cette bande-son. Les effets sonores des armes, des explosions et des ennemis sont punchy. On sent bien qu’on évolue sous l’eau grâce aux bruitages spécifiques qui accompagnent nos déplacements et nos tirs.
Il est d’ailleurs possible d’acquérir cette bande-son remasterisée en CD dans l’édition 35th Anniversary Special Edition, un must-have pour les amateurs de musiques de jeux vidéo rétro.
Les options audios permettent de basculer entre la bande-son remasterisée et les compositions originales des versions Commodore 64 et Amiga, un ajout appréciable pour les puristes
L’exigence à l’ancienne
X-Out assume pleinement son héritage arcade et ne fait aucune concession sur la difficulté. Le jeu se révèle impitoyablement exigeant, dans la pure tradition des shoot’em up des années 90. Un seul faux mouvement, une collision avec un élément du décor, et c’est le retour immédiat au premier niveau avec perte de tous les équipements achetés.
Cette philosophie « git gud »(soit/deviens meilleur) peut sembler anachronique en 2025, mais elle correspond parfaitement à l’esprit du jeu original. L’absence de système de continues oblige à perfectionner son parcours et à peaufiner sa stratégie d’achat dans la boutique. Chaque run devient un apprentissage, chaque échec une leçon pour la tentative suivante.
Le mode coopération locale apporte un ajout de bienvenue. Jouer à deux rend l’expérience moins frustrante, permettant de se relayer lors des passages difficiles et de combiner les stratégies. C’est probablement la meilleure façon d’aborder le jeu pour les nouveaux venus au genre.
En revanche, ne vous attendez pas à avoir des options exagérées comme le font certaines sociétés qui ressortent des remakes. Pas de mode rewind, pas de système de sauvegarde de progression, pas de ralenti en cas de difficulté ou de god mode immédiat. Le jeu assume pleinement son côté old-school et ne propose aucun filet de sécurité pour les joueurs en difficulté en accès immédiat.
Mais je vous vois quand même venir, rassurez–vous, si jamais vous mourrez trop souvent, le jeu vous débloquera un menu avec des options d’assistances en vous prenant bien en pitié et il appuiera bien dessus avec un ton humoristique, même si votre égo en prendra un coup….Tiens ça me rappelle un certain jeu de ninja sur Xbox….
Une personnalité unique dans l’écosystème shmup
Dans le paysage actuel des shoot’em up, X-Out occupe une position particulière. Contrairement aux productions modernes comme Ikaruga ou aux rééditions de classiques comme R-Type Final 2, il mise tout sur son système de personnalisation unique plutôt que sur des mécaniques de gameplay innovantes.
On peut dire qu’il est plus un roguelike shmups contemporains où la configuration de l’équipement joue un rôle central, mais avec une philosophie diamétralement opposée. Là où les roguelike modernes pardonnent les échecs, X-Out punit impitoyablement chaque erreur. Cette intransigeance peut dérouter les joueurs habitués aux conventions actuelles du genre.
Face aux autres remasters de shoot’em up de cette génération, X-Out: Resurfaced fait figure d’ovni. Contrairement à des titres comme Cotton Reboot ou Darius Cozmic Collection qui proposent généralement plusieurs modes de difficulté et des options d’accessibilité, ce remake reste fidèle à la philosophie hardcore de l’original.
Son univers sous-marin le distingue également de la concurrence. Même aujourd’hui, peu de shoot’em up exploitent ce setting aquatique avec autant de conviction
Entre nostalgie et frustration
Après plusieurs heures passées dans les profondeurs avec X-Out: Resurfaced, je me retrouve face à un jeu paradoxal. D’un côté, on a un remake techniquement irréprochable qui respecte scrupuleusement l’esprit de l’original tout en apportant les améliorations nécessaires à sa modernisation, qui témoigne d’un travail soigné de la part de KRITZELKRATZ 3000.
De l’autre côté, X-Out: Resurfaced reste prisonnier de ses propres partis pris. Sa difficulté implacable et son refus de toute concession moderne en font un jeu remarquablement exigeant qui ne pardonne aucune erreur. Cette intransigeance, fidèle à l’esprit arcade original, risque de rebuter certains joueurs qui demanderont un mode facile, ce qui n’était pas le but recherché de l’époque.
Le système de personnalisation demeure l’atout majeur du jeu, offrant une approche rare dans le genre, surtout au début des années 90. Chaque configuration de vaisseau modifie radicalement l’approche tactique, garantissant une rejouabilité certaine pour les joueurs patients. Le mode coopération apporte son petit plus, même s’il ne résout pas fondamentalement le problème de difficulté.
Au final, X-Out: Resurfaced s’adresse avant tout aux amateurs de défis à l’ancienne et aux nostalgiques du shoot’em up hardcore. Pour 13,99€ en promo sur l’eShop Nintendo, on obtient un produit de qualité qui assume parfaitement sa nature de niche. Mais il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas un jeu pour tout le monde, et sa courbe d’apprentissage abrupte risque de décourager les moins patients.
Mais cela reste une œuvre rappelant l’âge d’or de l’arcade des années 90.