Bullet Strike

Bullet Strike arrive sur l’eShop de Nintendo Switch en fin novembre 2025, développé et édité par TROOOZE, un studio connu pour ses nombreuses sorties FPS mobiles et console. Le jeu se positionne comme un shooter tactique militaire avec des mécaniques de combat à l’infanterie et des phases de pilotage de chars. Sur le papier, cela semble offrir une certaine variété. La description officielle promet des graphismes photoréalistes, des missions stratégiques et une atmosphère immersive via un moniteur cardiaque en temps réel. En réalité, le produit final s’avère….vous allez voir….
Est-ce qu’il y a un réel contexte ?
Le jeu nous balance dans un conflit opposant l’Alliance Mondiale de Sécurité à une méchante corpo nommée Northern Dynamics. L’enjeu ? Le Nucleon Core. On dirait que le scénario a été écrit par une IA à qui on aurait demandé de mélanger tous les mots-clés de Call of Duty et Battlefield sans en comprendre le sens.
Le jeu tente de nous vendre un contexte géopolitique complexe autour d’usines chimiques et de zones de production de combustible nucléaire. En réalité, c’est un prétexte pour réutiliser la même map en boucle. On ne sent aucune narration, aucun enjeu. Les briefings de mission sont des pavés de texte mal traduits, probablement passés par trois langues différentes avant d’atterrir en français ou un anglais approximatif, nous parlant de la division blindée « Steel Punk ». On ne joue pas un soldat, on joue un curseur qui se déplace sur une carte vide.

Photoréalisme ? Really ??
Les modèles des personnages et des objets sont largement simplifiés. Les soldats alliés et ennemis possèdent des proportions, on va dire, correctes, mais une géométrie faciale aplatie. Les textures appliquées sur les environnements et les équipements manquent de détails. Plutôt que du photoréalisme (terme annoncé sur l’Eshop), on observe une sorte de réalisme moyen datant de plusieurs générations technologiques, le rendu de l’image est terne.
Le béton ne ressemble pas à du béton, la terre ne ressemble pas à de la terre. Tout possède cette qualité plastique caractéristique des jeux mobiles mal adaptés.
Et puis, il y a cette interface, c’est une interface tactile de jeu mobile mal adaptée à la manette. Les boutons sont énormes, le texte déborde des cadres. Et en jeu, on a ce moniteur cardiaque en bas à droite. Il est censé amplifier la tension. C’est juste un GIF animé d’une ligne verte qui tourne en boucle, peu importe ce qui se passe à l’écran. Vous pouvez être en train de boire un café ou sous le feu d’un tank, le rythme cardiaque est le même. C’est un gadget inutile qui prend 10 % de l’écran pour rien.

Les Skins : Le plagiat éhonté de Battlefield
C’est le point qui m’a le plus choqué et qui prouve le manque d’éthique total de TROOOZE. En parcourant les menus de personnalisation, on tombe sur des designs de soldats qui sont des copies carbones des opérateurs de Battlefield, même les icônes du jeu rappellent cela.
On retrouve les mêmes silhouettes, les mêmes équipements tactiques, et surtout la modélisation est atroce. On dirait que les personnages ont fondu au soleil. Voir ces designs copiés-collés, mal intégrés, avec des textures basse résolution. On est loin de l’inspiration, mais plus de plagiat.

Une torture ergonomique
Si les graphismes sont une offense, le gameplay est une punition. Bullet Strike se veut un mélange de FPS tactique et de combat de véhicules. Il échoue lamentablement sur les deux tableaux.
Contrôler notre soldat donne l’impression de piloter un caddie de supermarché avec une roue bloquée. Il y a une latence monstrueuse entre le moment où on pousse le stick et le moment où le viseur bouge. Pire encore, la deadzone des sticks est mal calibrée, ce qui rend la visée précise impossible. Soit le viseur ne bouge pas, soit il part à toute vitesse de l’autre côté de l’écran. Il n’y a aucune aide à la visée, ou alors elle est cassée.
Le ressenti des armes ou des tirs est inexistant. Tirer avec un fusil d’assaut ou un pistolet à eau procure la même sensation : aucune vibration, aucun recul visuel crédible. Les balles semblent n’avoir aucun impact. On tire sur des ennemis qui ne réagissent pas jusqu’à ce qu’ils tombent raides morts dans une animation de Ragdoll buggée.

Les ennemis (quand on arrive à en avoir 2-3 sur la map c’est un miracle) sont gérés par une intelligence artificielle qui oscille entre le coma profond et l’omniscience divine. Parfois, on peut passer devant un soldat ennemi, danser la macarena, et il continuera de fixer le mur. D’autres fois, un ennemi invisible, derrière un brouillard de textures, nous mettra un headshot instantané à la seconde où l’on sort la tête. Il n’y a aucune stratégie, aucun contournement. Ils apparaissent parfois juste derrière nous ou pire, dans nous.
Le jeu nous vend des missions de pilotage de chars de haute difficulté et intenses. La difficulté vient uniquement du fait que le tank est incontrôlable. Il se bloque dans le moindre caillou. La tourelle tourne avec une lenteur exaspérante. Les collisions…une horreur !! On peut foncer dans un mur et le tank s’arrête net comme s’il avait percuté un champ de force, sans bruit de tôle froissée, juste un arrêt brutal. Tout comme les armes tirer au canon est aussi pauvre qu’un sims sans travail, aucun feeling, aucune animation crédible, même des jeux mobiles font mieux sur tous les points.
Le néant technique absolu
Le framerate joue au yoyo. Dans les zones avec les fameuses colonnes de raffinage, dès qu’il y a plus de deux ennemis à l’écran, le jeu rame, même sur Switch 2. On passe sous la barre des 20 FPS, ce qui, pour un jeu de tir qui demande de la précision, en devient comique à force.
Il n’y a quasiment pas d’ambiance sonore. Pas de bruit de vent, pas de bruits industriels lointains. Juste le bruit de nos pas qui est le même sur le métal, la terre ou le et les coups de feu qui semblent provenir d’une banque de sons libre de droits des années 90.
Les bugs sont légion. J’ai vu des ennemis traverser le sol. J’ai vu mon arme disparaître de mes mains. J’ai dû redémarrer le jeu deux fois parce que le menu de pause refusait de se fermer, une catastrophe.

Un Strike de Honte
Il est difficile de rester nuancé quand on se sent déçu, et je pèse mes mots à ce point. Bullet Strike est conçu pour piéger le consommateur inattentif.
TROOOZE nous livre ici une copie médiocre, injouable et techniquement à la ramasse. Le plagiat des skins de Battlefield ajouté à cela, il n’y a aucun plaisir à en tirer, même au second degré. C’est une expérience vide, frustrante et cynique, surtout quand des jeux plus modestes font mieux sur mobile.
Je ne peux que vous conseiller de fuir ce titre, pour 22.99€, achetez-vous un café, un sandwich, ou même jetez votre sou à un sorceleur, ce sera toujours un meilleur investissement que ce « jeu ». Nintendo doit impérativement faire le ménage sur son store, car laisser passer de telles élongations numériques nuit à l’image de la console.




