Dragon Quest I & II HD-2D Remake

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Graphisme8.6
Animation8.5
Gameplay8.3
Bande-Son9
Intérêt8.5
8.6

Après le succès retentissant de Dragon Quest III HD-2D Remake l’année dernière, Square Enix et la Team Asano, en collaboration avec le studio ARTDINK, nous proposent la conclusion tant attendue de la trilogie d’Elric avec Dragon Quest I & II HD-2D Remake. J’ai pu me plonger dans ces deux aventures fondatrices du JRPG, remises au goût du jour avec le style visuel HD-2D qui fusionne sprites 2D et décors 3D.

Dragon Quest I : Une quête en solitaire enrichie

Le premier Dragon Quest nous plonge dans le royaume d’Alefgard, où le héros, descendant du légendaire Elric, doit affronter le redoutable Seigneur Dragon qui a semé le chaos et kidnappé la princesse Gwaelin. L’histoire, initialement très minimaliste lors de sa sortie en 1986, a été considérablement étoffée dans ce remake. On découvre désormais des scènes cinématiques entièrement doublées en japonais et en anglais.

Square Enix nous propose l’ajout de nouveaux personnages et de scénarios inédits, mais la je ne dirais rien à vous d’en profiter. Le premier épisode reste fidèle à son concept : on incarne un héros unique, sans compagnons de route. Cette solitude était un défi à relever pour rendre le jeu assez minimaliste attrayant en 2025, et Square Enix a su transformer cette contrainte en atout en épaississant l’histoire et en multipliant les rencontres marquantes.

Dragon Quest II : L’aventure en équipe réimaginée

Dragon Quest II, sorti en 1987, a marqué l’histoire du genre en introduisant le système de groupe avec trois personnages jouables : le Prince de Midenhall, le Prince de Cannock et la Princesse de Moonbrooke. Mais la grande nouveauté de ce remake, c’est l’ajout d’un quatrième membre jouable : la Princesse de Cannock. Dans les versions originales, elle restait au château à encourager son frère, frustrée de ne pas pouvoir participer à la quête. Ici, elle rejoint pleinement l’aventure en tant que descendante d’Elric, ce qui ajoute une nouvelle vision du jeu ainsi que des interactions inédites.

L’histoire, qui suit les descendants d’Elric dans leur combat contre l’occultiste maléfique Hargon, a également été bonifiée avec de nouvelles cinématiques et des arcs narratifs supplémentaires. Les développeurs ont également revu l’ordre de progression pour rendre l’aventure moins cryptique. Dragon Quest II était réputé pour être impitoyable et difficile à naviguer sans guide, avec des moments où on pouvait se retrouver complètement bloqué. Cette version inclut désormais des marqueurs d’objectifs optionnels qui indiquent où se rendre ensuite, un ajout bienvenu qui n’enlève rien à l’exploration mais évite les errances frustrantes de l’époque.

Le HD-2D sublimé

Si DQIII HD-2D était déjà magnifique, ces remakes franchissent un nouveau palier. Le style HD-2D, développé par la Team Asano depuis Octopath Traveler, atteint ici une maturité impressionnante. Les sprites en pixel art sont plus détaillés que jamais, avec des armures et armes particulièrement soignées. Les personnages sont légèrement plus grands que dans le troisième opus, ce qui permet d’apprécier davantage les animations et les expressions faciales des sprites.

Les environnements 3D sont toujours aussi somptueux. Chaque ville semble vivante, chaque donjon respire l’atmosphère inquiétante qu’on attend d’un RPG classique.

La direction artistique respecte les designs iconiques d’Akira Toriyama tout en les sublimant. Les monstres, entièrement animés avec effets sonores, sont reconnaissables pour les fans de la série. Honnêtement, c’est probablement le plus beau jeu en HD-2D à ce jour, surpassant même Live A Live et Triangle Strategy en termes de cohérence visuelle et de qualité de textures.

Chaque lieu visité a été repensé pour raconter une histoire. Dans Dragon Quest I, on découvre des zones cachées marquées par des arbres ou des rochers caractéristiques. Dans Dragon Quest II, les royaumes ont été différenciés avec plus de personnalité. J’ai vraiment apprécié parcourir ces deux histoires.

Dragon Quest I : Le défi du héros solitaire

Le premier Dragon Quest a subi les modifications les plus radicales en termes de gameplay. À l’origine, on affrontait les monstres en combat singulier, un contre un. Dans ce remake, on peut désormais faire face à plusieurs ennemis simultanément, ce qui change la dynamique des batailles. Cette modification était nécessaire pour rendre le jeu moins répétitif et plus stratégique.

Face à six ennemis d’un coup, il faut savoir gérer ses ressources, alterner entre attaques physiques et sorts, et surtout bien doser ses points de magie et ses herbes médicinales. On apprend maintenant de nouveaux sorts via des parchemins qu’on trouve en explorant, on a accès à des sorts qui n’existaient pas dans l’original, tout comme les effets de statut comme l’empoisonnement qui ont également été intégrés.

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Malgré ces changements agréables pour les nouveaux venus, le jeu reste fidèle à son ADN hardcore. Les combats contre les boss peuvent être extrêmement tendus quand on est seul.

Dragon Quest II : La puissance du groupe

Dragon Quest II, avec son système de groupe, propose une expérience plus classique. Les trois héros principaux ont été rééquilibrés, avec de nouvelles compétences qui les rendent plus polyvalents.  L’ajout de la Princesse de Cannock comme quatrième membre transforme la dynamique de combat. Elle apporte de nouvelles capacités et permet des combinaisons stratégiques inédites. Cette vision à quatre personnages donne plus de flexibilité dans l’approche des combats, surtout lors des affrontements les plus difficiles. On peut désormais assigner des rôles plus spécialisés à chaque membre du groupe.

Le système de combat au tour par tour reste celui qu’on connaît et qu’on aime dans Dragon Quest, avec la possibilité de définir des tactiques pour le groupe, d’ajuster la vitesse des batailles, et même d’activer un système d’actions suggérées qui peut aider les nouveaux venus sans pour autant jouer à notre place. Contrairement à DQIII HD qui proposait un mode combat auto complet, ici on a plutôt une fonction mémoriser les commandes et des actions suggérées, ce qui laisse plus de contrôle au joueur tout en facilitant les combats routiniers.

Des options d’accessibilité bienvenues

Les deux jeux proposent trois niveaux de difficulté : facile, normal et difficile. Le mode facile permet de mourir sans conséquence majeure, ce qui est idéal pour découvrir l’histoire sans frustration. Le mode difficile, lui, augmente considérablement la résistance des boss aux altérations de statut et rend chaque combat un véritable défi tactique.

La fonction de sauvegarde automatique fait son apparition, symbolisée par une icône de livre dans le coin de l’écran. C’est un ajout fondamental qui élimine la frustration des sauvegardes limitées aux églises des versions originales. On peut également créer une sauvegarde rapide temporaire via le menu en sélectionnant Arrêter l’aventure, parfait pour faire une pause sans chercher un point de sauvegarde.

Les marqueurs d’objectifs optionnels peuvent être activés ou désactivés selon les préférences de chacun. Pour ma part, j’ai joué avec cette option pour mieux profiter du jeu.

Un contenu Draconique

Les mini-médailles, devenues un incontournable de la série, font leur apparition dans ces remakes. On peut les échanger contre des équipements et accessoires exclusifs. Ces petites médailles sont cachées dans des coffres, des tiroirs, des armoires, et parfois complètement dissimulées dans l’environnement.

La Tombola, un mini-jeu de loterie emblématique de la série, est de retour dans DQII. Elle fonctionne comme une roue qui distribue des billes de différentes couleurs, chaque couleur correspondant à un prix spécifique. Les tickets de Tombola peuvent être trouvés dans des coffres ou obtenus en faisant des achats répétés chez certains marchands.

Les deux jeux incluent de nouvelles zones cachées absentes des versions originales. Dans DQI, on découvre des grottes, de nouvelles zones et des donjons totalement inédits. Dans DQII, une nouvelle île apparaît, mais je n’irais pas plus loin pour vous laisser profiter de tout ce contenu ajouté pour cette édition.

L’héritage de Koichi Sugiyama

La musique de Dragon Quest, composée par le regretté Koichi Sugiyama, est légendaire dans le monde du jeu vidéo. Ces remakes utilisent des arrangements orchestraux entièrement réenregistrés spécifiquement pour l’occasion, interprétés par le Tokyo Metropolitan Symphony Orchestra. Ce ne sont pas les anciennes bandes symphoniques recyclées, mais de nouvelles performances qui apportent une fraîcheur bienvenue aux mélodies classiques.

Les thèmes iconiques comme l’Ouverture, la musique de château, les thèmes de combat et de donjon, ont tous été réorchestrés avec soin. Les arrangements respectent l’esprit des compositions originales tout en bénéficiant de la richesse d’un orchestre symphonique moderne. Les effets sonores ont également été mis à jour, avec des bruitages de sorts et d’attaques plus impactants qui renforcent le dynamisme des combats.

J’aurais aimé voir plus de variations dans les thèmes de combat et de ville selon les régions, comme ce qui se fait dans certains RPG modernes, mais c’est un choix de fidélité à l’œuvre originale que je peux comprendre. La musique reste un point fort indéniable, voire indispensable, capable de nous donner des frissons lors des moments épiques ou de vous plonger dans une douce mélancolie lors des scènes plus contemplatives.

Une version très propre

Sur Xbox Series X, Dragon Quest I & II HD-2D Remake tourne de manière exemplaire. Les temps de chargement sont quasi inexistants grâce au SSD. Les transitions entre la carte du monde, les villes et les donjons sont instantanées. Le Quick Resume fonctionne parfaitement, permettant de reprendre exactement où on s’était arrêté même après avoir éteint la console.

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Le support Xbox Play Anywhere est un véritable atout pour ce type de jeu. J’ai pu commencer une session sur ma Xbox  puis continuer ma partie sur ma Rog Xbox Ally X en déplacement. Pour un RPG qui demande plusieurs dizaines d’heures d’investissement, cette vision est la bienvenue.

L’interface a été modernisée tout en conservant l’esthétique des jeux originaux. Les menus sont clairs, réactifs et bien organisés. Le jeu est entièrement traduit en français avec des textes de qualité, et on peut basculer entre doublage japonais et anglais à tout moment via les paramètres système. Les voix japonaises ou anglaises sont de bonne qualité bien que les doublages ne couvrent que les scènes principales et quelques dialogues importants, le reste demeurant en texte uniquement, mais ça on a l’habitude.

C’est long la vie d’un héros

J’ai mis environ 60 heures pour compléter les deux jeux réunis en facile, soit à peu près le même temps que DQIII HD seul. C’est un doublement de la durée par rapport aux versions originales qui nécessitaient environ 10 heures pour le premier et 16 heures pour le second. Cet ajout de contenu est principalement dû aux nouvelles zones, aux scénarios étendus, aux cinématiques, et à une progression générale plus étoffée.

Nous avons ici deux expériences plus linéaires et moins axées sur la personnalisation du groupe. Le contenu ajouté justifie-t-il le tarif de 69.99€? C’est subjectif. Pour les fans inconditionnels de Dragon Quest et ceux qui découvrent la série, l’investissement en vaut vraiment la chandelle.

La rejouabilité reste limitée comparée à un DQIII ou même à certains Octopath Traveler. Une fois l’histoire terminée, il reste la chasse aux mini-médailles, l’exploration des contenus optionnels et la possibilité d’essayer les différents niveaux de difficulté, mais pas de véritables contenus post-game massifs comme le temple des défis dans le troisième opus.

Si vous possédez une sauvegarde de DQIII HD sur votre compte, vous recevrez des objets bonus dans les deux jeux. Pour DQI, vous obtiendrez la tenue de chien en ouvrant le coffre à l’auberge de Tantegel. Pour DQII, c’est la tenue de chat accessible dans le coffre de l’auberge de Médiévande. Ces cosmétiques peuvent également être débloqués en jouant normalement, mais c’est un clin d’œil agréable pour ceux qui ont suivi la trilogie depuis le début.

Le bouclier d’Elric brille encore

Dragon Quest I & II HD-2D Remake conclut dignement la trilogie d’Elric sur nos consoles modernes. Square Enix et la Team Asano ont accompli un travail remarquable de restauration et d’enrichissement de ces deux classiques du JRPG. La direction artistique HD-2D atteint ici son apogée, la bande-son orchestrale est somptueuse, et les ajouts narratifs et ludiques modernisent intelligemment ces aventures vieilles de près de quarante ans sans les dénaturer.

Le premier Dragon Quest, avec son héros solitaire affrontant désormais plusieurs ennemis simultanément, offre une expérience intense et focalisée. Le second, avec l’ajout de la Princesse de Cannock et ses améliorations de progression, propose un voyage de groupe enrichissant qui corrige les aspérités de l’original. Ensemble, ils forment une compilation cohérente qui raconte les chapitres finaux de la légende d’Elric avec panache.

Est-ce parfait ? Non. Le prix peut rebuter, la durée de vie reste modeste comparée à d’autres RPG modernes, et certains aspects du gameplay montrent leur âge malgré les ajouts. Mais pour les amateurs de JRPG classiques, les collectionneurs de la saga Dragon Quest, ou simplement ceux qui veulent découvrir les fondations du genre avec une présentation moderne, Cet épisode est une acquisition recommandée. Sur Xbox Series avec le support Play Anywhere, c’est d’autant plus vrai.

Ces jeux nous rappellent pourquoi Dragon Quest reste une série aussi chérie des décennies après ses débuts : une formule simple mais efficace, des mondes cohérents et attachants, une progression satisfaisante, et cette capacité unique à faire naître l’aventure dans notre imagination. Les développeurs ont su préserver cette magie tout en l’enrobant d’une présentation moderne époustouflante. C’est tout ce qu’on pouvait espérer d’un remake respectueux et ambitieux.

La légende d’Elric se termine, et elle le fait en beauté.

 

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