Shinobi: Art of Vengeance

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Graphismes9.4
Animation9
Jouabilité9.2
Bande Son9.3
Intérêt9
9.2

Le retour de Shinobi sur Xbox Series X est une véritable claque visuelle et une surprise de taille pour les amateurs de la licence. Dès l’écran titre, on comprend que les développeurs ont voulu rendre hommage à une série mythique tout en la réinventant pour une nouvelle génération. On est immédiatement happé par une direction artistique superbe, soignée dans ses moindres détails. Les environnements fourmillent de vie : des forêts luxuriantes traversées par des rayons de soleil filtrant entre les branches, des villages aux lanternes de papier qui s’envolent au vent, des temples millénaires rongés par la végétation, des environnements industriels ou encore sous-marins apportent au titre beaucoup de variétés. Le travail du multi-scrolling impressionne : plusieurs calques de décors défilent simultanément, avec des avant-plans qui donnent de jolis effets de profondeur. Des oiseaux prennent leur envol à notre passage, la végétation est luxuriante et des effets subtils de brouillard ou de pluie ajoutent une couche d’immersion supplémentaire.

Difficile de ne pas penser à Astal sur Saturn, qui utilisait déjà en 1995 une profusion de plans et une esthétique unique pour renforcer l’immersion. Bien sûr, les deux jeux diffèrent dans leurs intentions : Astal proposait une avalanche de couleurs vives et acidulées, proches d’un Cotton, presque oniriques, là où ce nouveau Shinobi mise sur des tons plus sobres, plus occidentaux dans leur rendu. Mais dans les deux cas, on retrouve ce soin apporté à la composition visuelle, cette volonté d’aller plus loin que le simple décor de fond pour donner vie à l’univers.

La technique est impeccable : un rendu net, des animations fluides et des transitions sans accroc. Les effets de lumière et de particules subliment l’action, et certains combats de boss offrent des panoramas si impressionnants qu’on en oublie presque de se concentrer sur le gameplay. Ce dernier est pourtant au cœur de l’expérience et constitue l’un des points forts du titre tant il est précis et complet.

Le gameplay fait en effet honneur à la réputation de la saga. On retrouve une exigence rare, où chaque mouvement doit être calculé. Le héros répond au doigt et à l’œil : ses sauts sont millimétrés, ses attaques nettes, ses esquives d’une précision chirurgicale. Le système de combat repose sur un équilibre délicat entre attaque frontale et anticipation. Les collisions sont gérées à la perfection, ce qui renforce la sensation de maîtrise. Le jeu pardonne cependant l’imprécision grâce à son système de saut, de dash et de rebond qui permet au joueur de corriger sa trajectoire. Lorsqu’on  enchaîne les coups et que l’on parvient à défaire un ennemi redoutable, la satisfaction est immense. On retrouve ce parfum d’arcade, ce plaisir pur et brut qui rappelle l’ère des Revenge of Shinobi ou Shinobi III: Return of the Ninja Master sur Mega Drive.

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Cependant, la vraie nouveauté vient de son orientation Metroidvania, un genre que je n’apprécie que rarement. Contrairement aux anciens épisodes qui enchaînaient les niveaux linéaires, ce Shinobi propose un monde semi-ouvert, interconnecté, où l’exploration a une place centrale. On a la possibilité de voyager facilement de check point en check point et ceux-ci ne sont pas trop éloignés. On découvre rapidement que certains passages sont inaccessibles sans une compétence précise. Un double saut, une technique d’escalade, ou l’utilisation de pouvoirs mystiques liés au ninjutsu permettent de revenir sur ses pas et de découvrir des zones cachées. Il sera en effet possible de casser certains murs avec les poings ou les pieds, mais pas tout de suite. La carte est assez précise et indique où il faut chercher. Les programmeurs se sont dès lors amusés à camoufler certains items. On sait qu’on est tout près d’eux mais on ne les voit pas toujours tout de suite. Ce choix change en tous cas radicalement le rythme du jeu. Là où autrefois l’on progressait de stage en stage jusqu’à l’affrontement final. C’est une approche qui rappelle plus Castlevania: Symphony of the Night qu’un Shinobi classique, ce qui pourra dérouter les fans.

En effet, cette hybridation a un effet secondaire : si le jeu est indéniablement excellent, il s’éloigne de l’identité traditionnelle de Shinobi. Les épisodes originaux, notamment sur Mega Drive, étaient construits comme des expériences d’action pures, où le rythme soutenu et la difficulté exigeante laissaient peu de place à l’exploration. Ici, même si les combats restent intenses et fidèles à l’esprit de la série, l’ajout d’éléments Metroidvania fait parfois basculer l’expérience dans un autre registre. Ce n’est pas parce que l’on incarne un ninja, que l’on évolue dans un Japon médiéval stylisé et que l’on retrouve quelques clins d’œil aux épisodes passés que l’on a le sentiment de jouer à un véritable Shinobi. C’est un paradoxe : on tient un jeu de très grande qualité, mais qui pourrait presque s’appeler autrement. Ce n’est en effet pas parce qu’on est un ninja et qu’on lance des shurikens que l’on peut prétendre au titre.

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Pour autant, difficile de bouder son plaisir. Les combats de boss sont mémorables, mélangeant chorégraphies spectaculaires et phases d’apprentissage redoutables. Les musiques, elles, oscillent entre hommages aux thèmes emblématiques de la série et compositions inédites qui renforcent l’atmosphère. Il faut dire que Yuzo Koshiro, compositeur culte de la saga, est aux manettes, ce qui ne manquera pas de faire vibrer la fibre nostalgique des fans.

En définitive, ce Shinobi version Xbox Series X est une réussite incontestable. Visuellement somptueux, techniquement irréprochable, jouissif à prendre en main et riche grâce à son orientation Metroidvania, il s’impose comme l’un des meilleurs jeux de plateforme/action récents. Mais il ne faut pas s’y tromper : ce n’est pas un Shinobi au sens strict du terme, mais plutôt une réinvention moderne qui emprunte l’identité visuelle et thématique de la saga pour bâtir une expérience nouvelle. Ceux qui attendaient un retour aux sources pur et dur resteront peut-être sur leur faim, mais les amateurs de jeux exigeants et raffinés trouveront là une aventure marquante dotée d’une réalisation hors-pair et d’un gameplay raffiné.

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