Wonder Boy: Asha in Monster World

Wonder Boy: Asha in Monster World fait son retour sur Xbox Series X dans une version flambant neuve qui ressuscite avec soin l’un des épisodes cultes de la licence Wonder Boy : Monster World IV, resté longtemps inédit hors du Japon. Le studio Artdink, en collaboration avec ININ Games et certains membres de l’équipe originale, livre ici un remake fidèle dans l’âme, mais modernisé dans la forme. Le passage à la 3D en mode anime est globalement réussi, avec une esthétique pastel très Sega, qui évoque autant les titres de la Dreamcast que certaines productions de l’ère Saturn. Les environnements sont lumineux, les personnages bien animés, et la direction artistique, sans chercher le photoréalisme, joue à fond la carte du mignon et du coloré, pour un rendu à la fois doux et lisible. Sur Xbox Series X, le jeu tourne parfaitement, sans ralentissements ni accros, avec des temps de chargement quasi inexistants. Ce n’est certes pas une démonstration technique, mais l’ensemble est soigné, cohérent et toujours agréable à l’œil.
Dès les premières minutes, le joueur prend le contrôle d’Asha, une jeune guerrière pleine d’entrain, convoquée pour sauver les esprits du monde de Monster World. Très vite, elle fait la rencontre de c, une petite créature volante qui l’accompagnera tout au long de l’aventure. Ce duo fonctionne à merveille : en plus d’apporter une touche de tendresse, Pepelogoo joue un rôle central dans le gameplay, permettant à Asha de planer, d’activer des interrupteurs ou d’atteindre des plateformes autrement inaccessibles. Les interactions sont simples, mais suffisamment bien pensées pour apporter un minimum de variété. Le jeu se divise en plusieurs zones principales, chacune structurée autour d’un temple à explorer, d’objets à trouver et d’un boss à vaincre. L’ensemble est encadré par une ville centrale, qui sert de hub et dans laquelle on peut acheter des objets, améliorer son équipement ou dialoguer avec des personnages secondaires.
L’un des points les plus marquants de cette version est sa grande accessibilité. Tout dans Asha in Monster World est pensé pour offrir une expérience fluide, sans blocage ni frustration. Les contrôles sont immédiats, la prise en main intuitive, et les indications assez claires pour que même un enfant ou un joueur occasionnel puisse avancer sans difficulté. Les ennemis sont peu menaçants, les phases de plateforme rarement périlleuses, et les énigmes se résolvent en quelques secondes. Il en résulte une expérience zen, presque relaxante, qui fait du bien dans un paysage vidéoludique souvent obsédé par la difficulté ou les mondes ouverts interminables. Pourtant, cette douceur a aussi ses revers. Le jeu se montre très vite répétitif, avec une structure qui ne varie jamais vraiment. On avance, on active quelques mécanismes, on affronte quelques créatures, et on passe au niveau suivant. La linéarité est extrême : il n’y a ni exploration libre, ni véritable système de quêtes secondaires, ni même de progression complexe. Ce qui séduit dans les premières heures finit par lasser sur la longueur, d’autant plus que la difficulté ne grimpe jamais vraiment. Même les combats contre les boss, censés représenter des pics de tension, manquent de mordant et se résolvent souvent en bourrinant sans grande stratégie.
Heureusement, la magie opère encore par instants, notamment grâce au charme rétro qui se dégage de l’ensemble. On sent que le jeu a été conçu avec respect pour l’œuvre originale, sans pour autant sombrer dans le simple copier-coller. Quelques petites nouveautés sont discrètement introduites ici et là pour fluidifier l’expérience, moderniser certaines mécaniques ou lisser les courbes de progression. Mais il ne faut pas s’attendre à des ajouts majeurs ou à un contenu étoffé. Le jeu se boucle en 6 à 8 heures, selon son rythme et son envie d’explorer à fond les environnements pour y dénicher les bonus de vie ou les pièces cachées. Une durée de vie correcte pour ce type de production, mais qui reste modeste, surtout en l’absence de rejouabilité ou de modes supplémentaires.
Sur le plan sonore, la bande originale a été entièrement réorchestrée, avec des sonorités rafraîchies qui restent fidèles à l’esprit de la Mega Drive. Les doublages sont présents, mais très discrets et limités à quelques onomatopées. On aurait pu espérer une ambiance plus étoffée, surtout pour un titre aussi narratif par moments. Côté narration, justement, le scénario tient sur un timbre-poste, mais ce n’est pas forcément un reproche : Asha in Monster World n’a jamais prétendu être un RPG complexe. Il s’agit avant tout d’un jeu de plateforme-action qui veut faire passer un bon moment sans prise de tête.
En résumé, Wonder Boy: Asha in Monster World est une jolie résurrection, pleine de bonne volonté, qui plaira à un public familial ou nostalgique. Grâce à sa direction artistique pastel enchanteresse, son gameplay simple et son ambiance légère, le jeu offre une petite bulle de douceur rétro à ceux qui cherchent une expérience accessible. Mais cette même simplicité risque de laisser sur le bord de la route les joueurs plus exigeants, en quête de challenge ou de profondeur. Un remake mignon et bien exécuté, mais un peu trop sage pour vraiment marquer les esprits.