Borderlands 4

Développé par Gearbox Software et édité par 2K Games, Borderlands 4 vient de débarquer sur nos consoles avec l’ambition de révolutionner la franchise emblématique du looter-shooter. Après le passage mitigé de Borderlands 3, les fans attendaient un retour aux sources, je suis ravi de vous dire que Gearbox a frappé fort avec ce quatrième opus qui arrive pour nous faire oublier les déceptions passées mais est ce que tout est beau dans cette nouvelle arche ?
Un Bolt vers la Liberté
L’histoire nous emmène sur Kairos, une planète prison dirigée d’une main de fer par le Gardien du Temps (Timekeeper). Ce tyran sophistiqué et inquiétant contrôle la population grâce à des implants cybernétiques appelés puce Delta ou Bolts, maintenant un ordre parfait au prix de la liberté individuelle. Contrairement aux jumeaux Calypso de Borderlands 3, le Gardien du Temps se présente comme un antagoniste bien plus nuancé, avec une prestance qui rappelle les meilleurs moments du Beau Jack (Handsome Jack).
Le scénario prend une tournure intéressante lorsque Elpis, la lune de Pandora téléportée par Lilith à la fin de Borderlands 3, s’écrase dans l’orbite de Kairos, brisant le voile de camouflage qui protégeait la planète. Cet événement déclenche une révolution menée par nul autre que Claptrap, qui dirige désormais la Résistance Écarlate.
L’histoire principale nous demandera environ dans les 40 heures en ligne droite, avec une durée de vie globale qui pourrait atteindre 85 à 90 heures pour les acharnés du 100% (et encore plus en coopération avec des amis). Randy Pitchford a même annoncé que le contenu total représenterait le triple de Borderlands 3, une promesse ambitieuse qui semble tenue.
Un casting explosif et synergique
Borderlands 4 introduit quatre nouveaux Chasseurs de l’Arche totalement inédits :
- Vex la Sirène : Capable d’invoquer des compagnons spectraux et de manipuler l’énergie de phase
- Rafa l’Exo-Soldat : Ancien militaire Tediore dans un exosquelette équipé de canons et de lames énergétiques
- Amon le Forgeknight : Guerrier-poète survivant d’une attaque de Monstre de l’Arche, spécialisé dans le combat rapproché
- Harlowe la Gravitar : Ancienne scientifique Maliwan maîtrisant les gadgets technologiques et l’intrication quantique
Chaque personnage dispose de trois Compétences d’Action différentes et d’arbres de compétences ramifiés, offrant une variété de builds impressionnante ainsi que de superbes synergie en coopération.
Plus fun que Jamais
Borderlands 4 marque une rupture fondamentale avec ses prédécesseurs en matière de mobilité. Là où Borderlands 3 nous avait habitués à un gameplay relativement terrestre avec quelques améliorations de mouvement comme le slide, cette nouvelle itération nous propulse littéralement dans les airs.
Le système de déplacement comprend désormais double-saut, planeur, grappin, dash multidirectionnel, escalade murale et natation, la possibilité de tirer en vol, transformant chaque combat en ballet aérien digne d’un John Woo virtuel. Ces mécaniques élèvent le gameplay au-delà des limitations de Borderlands 3, où les combats restaient majoritairement au niveau du sol.
Finies les temps de chargement inter-zone
L’abandon de la structure planétaire fragmentée de Borderlands 3 constitue probablement la meilleure décision de Gearbox. Exit les écrans de chargement interminables entre les zones, Kairos s’explore de manière totalement fluide. Cette approche monde ouvert unifié contraste radicalement avec l’approche de planète en planète de son prédécesseur, qui brisait constamment le rythme.
Le système de navigation a également évolué : suppression de la mini-carte au profit d’une boussole et d’un système ECHO-4 plus intuitif. Cette évolution force une exploration plus naturelle, loin des habitudes de suivi de point rouge qui caractérisaient les épisodes précédents.
Un Pandora Visuel sous Unreal Engine 5
Visuellement, Borderlands 4 représente un bond en avant par rapport à Borderlands 3, tout en conservant l’ADN artistique de la série. Le passage à Unreal Engine 5 se ressent dans le rendu des matériaux, l’éclairage volumétrique et les effets de particules.
La direction artistique de ce quatrième épisode trouve un équilibre subtil entre détail technique et style cartoon. Les textures plus détaillées ne tombent pas dans le piège des textures baveuses qui caractérisait Borderlands 3.
Malheureusement, l’excellence du design de jeu se heurte à une réalisation technique défaillante. Les problèmes de performance, l’absence d’options basiques sur console et l’optimisation perfectible d’Unreal Engine 5 ternissent une proposition ludique pourtant de qualité.
Des Psycho-Frames Problématiques
Sur Xbox Series X, Borderlands 4 tourne à 1728p aussi bien en mode Qualité qu’en mode Performance. Le mode Performance maintient généralement les 60 FPS ciblés, mais j’ai ressenti des chutes ponctuelles lors des séquences les plus intenses. Le mode Qualité, lui, se limite à 30 FPS mais offre une meilleure fidélité visuelle mais je vous conseil de rester en performance.
Malheureusement, j’ai rencontré des problèmes de performance qui s’aggravent avec le temps de jeu. Après plusieurs heures, le framerate devient instable et nécessite un redémarrage de la console provoqué par des fuites de mémoire, un souci que Gearbox reconnaît et que Randy Pitchford recommande de contourner par des redémarrages réguliers (mais ce n’est pas une excuse).
Les fuites mémoire affectant les sessions longues, combinées aux problèmes de pop-in de végétations inhérentes à UE5.5.4, révèlent une optimisation bâclée. Ces problèmes techniques éclipsent malheureusement les qualités indéniables du gameplay et de la direction artistique
L’absence de réglage FOV sur console constitue probablement la plus grosse déception technique. Avec un champ de vision bloqué à 70 degrés, il est vraiment triste de ne pas pouvoir ajuster cette option selon la taille de votre TV ou écran selon votre installation.
Une foire au Loot Gigantesque
L’arsenal de Borderlands 4 est tout simplement démentiel. Avec 8 fabricants d’armes distincts (dont 3 nouveaux : Daedalus, Order et Ripper), chaque arme possède désormais des modes de tir alternatifs et des sous-canons. Les nouvelles mécaniques de License permettent aux caractéristiques des fabricants de se croiser, créant des combinaisons inattendues.
Le système d’armes connaît sa plus grande évolution depuis Borderlands 2. Avec plus de 30 milliards de combinaisons d’armes (contre 1 milliard pour Borderlands 3).
Les armes légendaires sont mémorables : des fusils d’assaut qui changent de type de munitions en mode alternatif, des grenades qui hurlent des obscénités en rebondissant, ou encore des pistolets qui tirent des œufs éclosant en cafards volants. C’est du pur délire assumé.
Un Badland sans Frontières
Pour la première fois, Borderlands adopte une véritable structure de monde ouvert. Fini les zones séparées par des écrans de chargement, Kairos s’explore de façon fluide. Votre véhicule personnel invocable, le grappin et le planeur transforment l’exploration en plaisir d’exploration et de parcours.
Cependant, cette liberté a un prix : de nombreux murs invisibles et surfaces infranchissables brisent parfois l’immersion. Certaines activités de monde ouvert manquent aussi d’intérêt, nous rappelant que quantité ne rime pas toujours avec qualité.
Une Symphonie de Destruction Épique
La bande sonore de Borderlands 4 est composée par une équipe de talents incluant Finishing Move Inc., Cris Velasco, Joshua Carro, Christian Pacaud, Des Rocs et Casey Diiorio. Le thème principal « This Land » interprété par Des Rocs capture parfaitement l’esprit rebelle du jeu.
Les 24 pistes de la bande sonore accompagnent parfaitement l’action, des morceaux électro-rock énergiques pour les combats aux ambiances plus sombres pour l’exploration. Les effets sonores, de la cacophonie des armes aux cris des ennemis, maintiennent l’immersion constante que nous attendons de la série.
Humour Trash : Un Juste Milieu Calculé
Borderlands 4 fait clairement machine arrière par rapport aux excès de Borderlands 3. Le directeur narratif Sam Winkler a explicitement critiqué la surabondance d’humour scatologique du troisième épisode et promis une approche plus mesurée.
Borderlands 4 n’est ni plus ni moins trash que ses prédécesseurs, il est différemment trash. Là où Borderlands 3 misait sur la quantité de blagues cringes, Borderlands 4 semble privilégier une approche plus subtile avec un contenu mature plus assumé.
L’écriture est moins gênante que Borderlands 3 mais pas au niveau de Borderlands 2, que voulez vous rien ne remplacera Le Beau Jack avec son étalon du Cul ou notre Tina adorée.
Un Endgame fourni
Une fois que nous avons terminé la campagne principale de Borderlands 4 et atteint le niveau 50, l’aventure ne fait que commencer. L’endgame de Borderlands 4 est le plus riche et le plus varié de la série, offrant de multiples systèmes de progression et d’activités hebdomadaires pour maintenir l’intérêt sur le long terme, ce qui manquait beaucoup à l’épisode 3.
Le mode Chasseur de l’arche Ultime constitue la progression principale de l’endgame. Ce mode se décompose en cinq rangs de difficulté croissante, chacun nécessitant de relever des défis spécifiques.
L’endgame introduit trois types d’activités hebdomadaires qui se renouvellent tous les jeudis à 21h (heure française)
- Missions Wildcard Hebdomadaires
Ces missions rejouent des niveaux existants avec des modificateurs d’ennemis uniques qui changent drastiquement la façon de jouer. Chaque mission Wildcard garantit une récompense légendaire que nous pouvons refaire autant de fois que souhaité pour obtenir le roll parfait.
- Big Encore Boss de Moxxi
Chaque semaine, un boss spécifique est sélectionné pour devenir le Boss Big Encore hebdomadaire. Cette version renforcée du boss coûte de l’Eridium au lieu de l’argent normal et offre un taux de butin amélioré avec des chances accrues de légendaires.
- Marché Noir de Maurice
Le distributeur automatique de Maurice change d’emplacement chaque semaine et propose des objets légendaires exclusifs. Contrairement aux précédents jeux, l’inventaire est unique pour chaque joueur, ajoutant une dimension personnalisée à cette chasse hebdomadaire
Une fois la campagne terminée, nous débloquons le système de Spécialisations, qui remplace les anciens rangs Badass, il y a de quoi faire en solo et/ou avec nos amis.
Un Mayhem Magistral Malgré ses soucis
Borderlands 4 réussit son pari de moderniser la formule sans la trahir. Plus vaste, plus fluide dans son gameplay et infiniment plus riche en contenu, il s’impose comme l’épisode le plus ambitieux de la série (à voir sur le long terme). Le retour aux sources assumé, combiné aux innovations bienvenues, ravira autant les vétérans que les nouveaux venus, mais tout ceci ne peut masquer les défauts techniques fondamentaux.
Malgré ses problèmes techniques sur tous les supports qui espérons-le seront corrigés via des patchs. L’expérience globale reste de qualité. Les 40 heures de campagne principale et les heures de contenu annexe justifient largement l’investissement sans compter le Endgame, d’autant que le mode coopération à 4 joueurs reste un plaisir absolu.
Cette situation rappelle douloureusement les sorties bâclées qui deviennent malheureusement la norme dans l’industrie. Borderlands 4 aurait pu être l’Arche absolue que mérite la série. Il n’est pour l’instant qu’un diamant brut qui nécessite encore quelques mois de polissage pour révéler tout son éclat.