Days Gone Remastered

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Graphisme8.3
Animation8.3
Gameplay8.3
Bande-Son8.2
Intérêt5
7.6

Days Gone de Bend Studios représente une perle vidéoludique injustement critiquée à sa sortie. Initialement plombé par des bugs, le jeu s’est considérablement amélioré avec le temps, devenant l’une des meilleures expériences sur PS4, puis sur PS5 avec son 60fps natif et sa version PC optimisée.

Malgré 5 millions d’exemplaires vendus sur PS4 et des chiffres significatifs sur PC, Sony a considéré le titre comme un échec commercial, annulant toute suite potentielle. Cette décision a provoqué le départ du directeur de Bend Studio, mécontentement partagé par la communauté de joueurs.

Dans cette génération marquée par une multitude de remasters souvent injustifiés (comme les nombreuses éditions de The Last of Us), Days Gone rejoint désormais ce catalogue de jeux revisités. La question légitime se pose : ce remaster est-il pertinent alors que le jeu originel reste déjà excellent dans sa forme actuelle ?

Redécouvrons l’aventure de Deacon St. John et analysons ensemble la valeur ajoutée de cette nouvelle version.

Le monde fictif de Days Gone, Farewell en Oregon, demeure l’un des atouts majeurs du jeu dans sa version remasterisée. Cet environnement post-apocalyptique propose un paysage naturel saisissant : montagnes enneigées, forêts touffues, infrastructures abandonnées et cimetières délaissés évoquant un contraste entre romantisme et désolation américaine. Le remaster améliore significativement l’éclairage, mettant davantage en valeur ces décors impressionnants (pour résumé, la version PC a été transposée sur PS5/Pro).

Malgré ces améliorations visuelles, l’univers souffre toujours d’un manque de vitalité. Les menaces – infectés, cultes violents et pillards – sont omniprésentes, mais l’écosystème manque de dynamisme authentique. Les interactions spontanées entre factions d’IA restent rares, et l’impact réel des actions du joueur sur les campements demeure limité.

Dans cette aventure, Deacon St. John se présente comme un protagoniste complexe. Il alterne entre une dureté impassible et une vulnérabilité émotionnelle, notamment lors des flashbacks concernant sa femme Sarah. Sa tendance à monologuer bruyamment et avec intensité demeure une caractéristique notable du personnage, même dans cette version remasterisée.

La narration de Days Gone se distingue dans le genre zombie par son rythme délibéré et sa structure épisodique. Au lieu d’une progression linéaire, l’intrigue se ramifie en multiples récits interconnectés : l’histoire de Lisa souffrant de SSPT, les relations avec des dirigeants de camps aux morales ambiguës comme Ada Tucker, ou le parcours émotionnel de Boozer, l’ami fidèle de Deacon, confronté à une mutilation physique et au désespoir.

Si ces éléments narratifs n’innovent pas fondamentalement dans le genre, leur mise en œuvre crée un univers crédible. La qualité des cinématiques, dont certaines atteignent un niveau quasi cinématographique, renforce l’immersion dans cette représentation d’un monde dévasté où l’humanité lutte pour sa survie.

Le point fort de Days Gone demeure ses impressionnantes hordes de Zombies. Ce remaster apporte le nouveau mode Horde, proposant jusqu’à 800 zombies simultanément à l’écran (mode de jeu qui était censé être présent dans le jeu de base).

Assez spectaculaire, ce mode peut toutefois s’avérer frustrant, oscillant entre chance, essais-erreurs et abandons occasionnels. Malgré le nombre impressionnant d’ennemis, les mécaniques tactiques restent basiques : relativement gérables dans les espaces confinés, mais éprouvantes dans les zones ouvertes.

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Ce mode offre davantage de liberté mais s’apparente rapidement à un simple mode arène axé sur la vitesse. Bien que divertissant dans son chaos, l’absence de dimension narrative diminue l’intérêt à long terme. La forte consommation de ressources nécessaires contraste avec des récompenses peu généreuses.

Ce mode constitue un ajout intéressant pour les amateurs d’action intense, mais ne parvient pas à renouveler significativement l’expérience fondamentale du jeu original.

En plus de du mode horde, le remaster est livré avec deux autres nouveaux modes : Speedrun et Permadeath. L’un s’adresse aux joueurs invétérés qui veulent partager leur temps avec le monde, l’autre aux masochistes aux nerfs d’acier. Les deux sont de bons ajouts, mais aussi clairement en dehors du groupe cible du jeu original.

Quiconque a acheté « Days Gone » en raison de l’atmosphère mélancolique et de l’histoire ne trouvera guère de nouveau plaisir de jeu ici, mais plutôt le sentiment que quelques fonctionnalités supplémentaires étaient nécessaires ici pour la description du produit, ou bien une explication fleurie de la raison pour laquelle Sony fait soudainement payer l’entrée pour ce qui passait pour du fanservice … sans aucun prix.

Un système de progression remanié aurait été vraiment utile : vous obtenez toujours les compétences les plus utiles en fin de partie, le maniement des armes reste spongieux et de nombreux systèmes d’amélioration semblent superficiels.

Dans Days Gone, l’artisanat et la gestion des ressources constituent un élément fondamental du gameplay. Les joueurs doivent constamment collecter des matériaux pour fabriquer des Molotovs, des remèdes et des munitions. Bien que les ressources soient relativement abondantes, ce système peut devenir répétitif, particulièrement lors des affrontements contre les hordes où la recherche incessante d’objets comme les clous et les chiffons devient rapidement lassante. Les limitations d’inventaire et l’impossibilité d’empiler certains objets, vestige d’une conception de jeu plus ancienne accentuent cette frustration.

Néanmoins, la dimension stratégique reste un des points fort du jeu. Les joueurs doivent régulièrement évaluer les risques : faut-il attaquer un nid avec peu de munitions ou consacrer des ressources pour améliorer ses relations avec un camp ? Ces décisions contribuent efficacement à l’immersion dans l’univers post-apocalyptique du jeu.

Le remaster aurait pu approfondir ces mécaniques avec des dilemmes moraux lors du pillage ou des spécialisations d’artisanat. Malheureusement, le système reste fondamentalement identique à celui du jeu original, sans évolutions majeures. Cette absence d’innovation dans la gestion des ressources illustre pourquoi cette version remastérisée n’apporte pas d’amélioration significative à l’expérience globale de Days Gone et ne se justifie pas à son existence.

Sur le plan technique, le remaster de Days Gone présente des améliorations notables, du moins selon les spécifications annoncées. Le jeu bénéficie désormais d’un framerate de 60 FPS, d’ombres optimisées, de textures plus précises et d’un ciel plus réaliste. L’ensemble du rendu visuel gagne en netteté. Une fonctionnalité particulièrement intéressante est le cycle jour/nuit désormais contrôlable d’une simple pression, bien que cette option serve davantage les amateurs de captures d’écran qu’elle n’améliore l’immersion.

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Le passage à un rendu natif au lieu de la technique du damier constitue une évolution positive, mais on peut légitimement s’interroger sur la pertinence d’un remaster pour cette seule raison. Pour les utilisateurs ayant déjà joué sur PS4 Pro ou en rétrocompatibilité sur PS5/PS5 Pro, les améliorations visuelles nécessiteront une attention particulière pour être vraiment perceptibles.

Dans le contexte d’une mise à niveau à 10 euros, ces changements pourraient sembler acceptables. En revanche, pour un nouvel achat à 50 euros, l’offre paraît insuffisante, « Days Gone » restant techniquement ancré dans l’ère PS4.

Concernant les modes de performance, la version PS5 propose le choix classique entre 1440p à 60 FPS (mode performance) ou 4K native à 30 FPS (mode qualité), mode que je ne recommande SURTOUT pas tellement c’est désagréable. Un mode 40 FPS a été promis via une mise à jour ultérieure. La PS5 Pro, quant à elle, affiche des résolutions de 1800p et 2880p ( pour les possesseurs d’une TV 8k), bien que ces différences subtiles puissent passer inaperçues pour la plupart des joueurs. Le mode PSSR (PlayStation Spectral Super Resolution) apporte des améliorations visuelles discrètes, peu perceptibles en mouvement.

Une comparaison avec Horizon Zero Dawn, sorti à la même période que Days Gone et ayant bénéficié récemment d’un remaster substantiel, met en évidence les limites de cette version. « Days Gone Remastered » semble être une mise à jour mineure développée rapidement par Sony Bend et Climax Studios.

Le retour haptique de la DualSense constitue l’un des points forts de cette version, avec des vibrations prononcées et une résistance adaptive des gâchettes lors des séquences de conduite ou de rechargement d’armes. Même si ces sensations ne sont pas toujours au premier plan durant les confrontations intenses avec les hordes, elles contribuent significativement à l’immersion. Ces moments rappellent la qualité exceptionnelle de la bande sonore de Days Gone, l’un des éléments qui avait captivé de nombreux joueurs par son intensité et son atmosphère prenante.

Days Gone Remastered offre exactement ce que son titre suggère : une version légèrement améliorée techniquement du jeu original, conservant ses points forts atmosphériques mais sans modifications substantielles du contenu.

Le remaster introduit quelques nouveaux modes de jeu qui apportent une certaine fraîcheur, cependant les améliorations restent limitées par rapport aux attentes d’une véritable mise à niveau. L’élément le plus remarquable demeure son prix de vente uniquement en démat.

Cette stratégie de Sony mise davantage sur la nostalgie que sur l’innovation, répondant efficacement à différents publics : les fans retrouvent une expérience familière, les nouveaux joueurs découvrent le titre dans sa meilleure version, tandis que Sony démontre la viabilité commerciale d’un remaster à faible investissement.

La question persiste : cette sortie représente-t-elle une étape stratégique intermédiaire ou simplement un moyen de maintenir la franchise avant un éventuel Days Gone 2 ? Si je ne devais vous donner qu’un seul conseil, prenez votre version PS4 et mettez la dans votre PS5, ou alors prenez la version PC de base, Days Gone est un jeu qui mérite toute votre attention

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