Onimusha 2: Samurai’s Destiny

Développé par Capcom Production Studio 2 et édité par Capcom, Onimusha 2: Samurai’s Destiny revient dans un remaster qui redonne vie à cet incontournable du hack’n’slash, mêlant combats intenses et ambiance féodale japonaise.
Voyons maintenant si cette nouvelle version honore l’héritage du jeu original ou si elle manque de tranchant. Mais aussi un petit peu d’histoire.
Dans l’univers des beat’em ups 3D, Devil May Cry est souvent considéré comme le titre phare du genre. Pourtant, Onimusha Warlords, son prédécesseur, représente véritablement la fondation sur laquelle Devil May Cry s’est construit. Ce jeu constitue la première tentative de Capcom de fusionner l’horreur de survie avec le beat’em up, une approche que Hideki Kamiya reproduirait plus tard avec Devil May Cry.
Onimusha a fait son apparition à une époque où Dynasty Warriors 2 dominait le genre. Contrairement à ce dernier qui proposait d’affronter d’immenses hordes d’ennemis avec des attaques spectaculaires, Onimusha a opté pour une formule différente : moins d’adversaires, des environnements plus confinés, une caméra fixe et un système de combat nécessitant davantage de précision technique.
Cette différence fondamentale a conféré à Onimusha une identité distinctive. Le jeu se démarquait comme l’un des premiers beat’em ups 3D sur PlayStation 2 à créer une atmosphère d’inconfort chez le joueur. Paradoxalement, son système de contres critiques permettait aux joueurs de ressentir une puissance comparable à celle des personnages de Dynasty Warriors, mais cette puissance exigeait une véritable maîtrise technique.
Le système de contre-attaque requérait un timing quasi parfait, permettant d’éliminer instantanément l’ennemi. Les joueurs moins familiers avec ce mécanisme pouvaient néanmoins recourir à des combos de base et à des attaques magiques, similaires aux attaques « musou » de Dynasty Warriors 2, offrant des frames d’invincibilité et infligeant des dégâts considérables.
Grâce à cette mécanique de jeu simple mais gratifiante, Onimusha a établi son propre héritage dans le genre. Il a su séduire deux types de joueurs : ceux appréciant le rythme plus mesuré de l’horreur de survie et ceux recherchant un système de combat plus technique et exigeant.
Onimusha Warlords a ainsi posé les jalons d’une nouvelle approche du beat’em up 3D, combinant avec succès tension atmosphérique et profondeur de gameplay, et influençant durablement l’évolution du genre bien au-delà de sa propre série.
Alors que Devil May Cry a évolué vers un système de combat plus rapide et agressif avec des affrontements dans des zones restreintes, Onimusha 2 a conservé l’approche plus mesurée de son prédécesseur. Cette différence fondamentale se manifeste particulièrement dans leurs mécanismes défensifs.
Dans Devil May Cry, la défense repose essentiellement sur le saut pour éviter les attaques, ce qui nécessite une précision considérable et suffisamment d’espace pour manœuvrer. En revanche, Onimusha 2 a maintenu le système de garde du premier opus, permettant aux joueurs de bloquer les dégâts en maintenant simplement un bouton. Cette mécanique offre une protection plus fiable et intuitive que les esquives parfois maladroites de Devil May Cry.
Cette solidité défensive est l’une des raisons pour lesquelles les premiers Onimusha peuvent être considérés comme supérieurs aux premiers Devil May Cry. En particulier, face à un Devil May Cry 2 décevant, Onimusha 2 n’a pas seulement surpassé la série concurrente, mais l’a véritablement éclipsée à cette époque.
Bien que Devil May Cry ait introduit des concepts novateurs pour le genre, le jeu original souffrait d’une certaine incohérence. Malgré son accent sur la flexibilité du gameplay, il ne proposait que deux armes de mêlée principales, dont l’une manquait de combos distinctifs. La troisième arme disponible s’avérait être essentiellement une variante à portée étendue d’une arme existante, sans l’option du « Devil Trigger ». Cette limitation est devenue encore plus flagrante dans Devil May Cry 2, où les armes de mêlée étaient pratiquement identiques entre elles.
À l’inverse, Onimusha 2 a non seulement augmenté le nombre d’armes par rapport à son prédécesseur, mais a également enrichi chacune d’elles avec des fonctionnalités uniques. Cette évolution positive contraste nettement avec la régression observée dans la série Devil May Cry.
En définitive, tandis que Devil May Cry perdait en qualité a cause du 2 (heureusement que Dante’s Awakening est arrivé après et reste encore et toujours le meilleur épisode de la saga), la série Onimusha continuait de s’améliorer, consolidant sa position dans le genre des jeux d’action à la troisième personne de cette génération.
La première fonctionnalité attribuée à chaque arme d’Onimusha 2 trouve son origine dans la version Xbox du premier opus, mais était absente de la version PlayStation 2. En maintenant une touche, l’arme du joueur s’illumine, permettant d’exécuter une attaque chargée en appuyant sur le bouton d’attaque. Ces attaques chargées sont particulièrement efficaces contre les ennemis plus imposants, infligeant davantage de dégâts et provoquant un recul supérieur aux attaques standards. Contrairement à Devil May Cry qui encourage l’enchaînement rapide de coups pour augmenter la jauge de style, Onimusha privilégie une approche plus mesurée, récompensant la patience du joueur qui attend le moment opportun pour frapper.
Chaque arme dispose également d’une « technique secrète » activée par une combinaison spécifique. Ces techniques varient selon l’arme et nécessitent la découverte d’un parchemin pour être débloquées. Ces techniques apportent une dimension supplémentaire au combat, le rendant plus engageant qu’une simple répétition d’attaques basiques.
Les techniques secrètes présentent un avantage tactique notable en étourdissant certains ennemis plus massifs, offrant ainsi une échappatoire lorsque le joueur se trouve acculé. Cette capacité d’étourdissement les rend particulièrement utiles, voire potentiellement exploitables. Toutefois, leur intégration possible dans des combos standard encourage leur utilisation comme prolongateurs de séquences d’attaques plutôt que comme solutions autonomes.
Le système de combat d’Onimusha 2 se distingue par cette mécanique à plusieurs niveaux. D’une part, les attaques chargées constituent une alternative accessible aux critiques, parfois difficiles à exécuter, tout en conservant l’esprit tactique du jeu. D’autre part, les techniques secrètes enrichissent l’arsenal du joueur et introduisent des possibilités stratégiques supplémentaires.
Ces mécaniques s’inscrivent dans la philosophie générale d’Onimusha qui valorise la précision et le timing plutôt que l’agression constante. Le joueur doit ainsi maîtriser ces différentes options pour s’adapter efficacement aux divers types d’ennemis et situations de combat proposés par le jeu, créant une expérience de combat équilibrée où réflexion et exécution vont de pair.
Onimusha 2 reprend une fonctionnalité de la version Xbox du premier jeu en permettant aux joueurs de collecter jusqu’à 5 grandes âmes violettes (auparavant vertes) pour déclencher un état d’invincibilité. Cette mécanique va plus loin que son prédécesseur en transformant le personnage en Onimusha.
Cette transformation s’apparente au Devil Trigger de Devil May Cry, augmentant considérablement la puissance du joueur. Cependant, contrairement au Devil Trigger, la forme Onimusha offre une invincibilité totale sans régénération de santé. Le principal inconvénient réside dans son déclenchement automatique dès l’acquisition de la cinquième âme, limitant le contrôle tactique du joueur. Une stratégie possible consiste à stocker 4 âmes et à attendre une situation critique pour collecter la cinquième.
La forme Onimusha remplace la magie conventionnelle par une attaque à distance sous forme de bombardement de missiles magiques. Cette capacité s’avère extrêmement efficace pour éliminer des groupes d’ennemis à n’importe quelle distance. Bien que le déclenchement automatique puisse sembler limitant, il s’agit probablement d’un choix délibéré des développeurs pour équilibrer cette puissante capacité. Heureusement, les âmes violettes sont plus difficiles à attirer que les âmes ordinaires, réduisant le risque de transformation accidentelle.
Le système de combat d’Onimusha 2 reste fondamentalement similaire au premier opus, y compris les commandes de type « char » qui constituent sans doute le point faible du jeu. Ces contrôles, où le personnage se déplace relativement à sa propre orientation plutôt qu’à celle de la caméra, ne sont généralement pas idéaux pour un beat-em-up 3D. Cependant, cette limitation n’affecte réellement le gameplay que dans peu de situations, notamment lors de la dernière phase du combat final.
Avec le temps, les joueurs s’habituent à ce système de contrôle, particulièrement ceux familiers avec les jeux d’horreur de survie classiques. La position de combat facilite les déplacements pendant les affrontements, et la possibilité de bloquer la plupart des attaques ennemies en maintenant simplement un bouton rend la défense accessible.
Malgré ces contraintes, les améliorations apportées au combat dans Onimusha 2 le rendent supérieur au premier jeu. Le système, bien que moins flexible et spectaculaire que Devil May Cry 3 ou d’autres beat-em-ups 3D modernes, offre une expérience satisfaisante, particulièrement dans la maîtrise des techniques critiques. Pour un jeu de combat 3D du début de l’ère PS2, Onimusha 2 propose l’une des expériences les plus agréables du genre à cette époque.
Comme dans le premier Onimusha, le jeu propose diverses énigmes à résoudre. Bien qu’elles soient généralement moins frustrantes que le tristement célèbre puzzle de l’eau du premier opus, certaines sections imposent des actions spécifiques sous contrainte de temps. Ces séquences peuvent s’avérer pénibles et semblent parfois être un moyen artificiel d’augmenter la difficulté. Cette frustration est particulièrement notable si le joueur n’a pas sauvegardé récemment, risquant de perdre ses progrès malgré d’excellentes performances dans les sections de combat.
Les boîtes de puzzle font leur retour, demandant aux joueurs de manipuler des panneaux pour former un symbole circulaire. Contrairement à la plupart des énigmes du jeu, ces puzzles restent optionnels et offrent un changement de rythme bienvenu. La difficulté varie considérablement : certains sont simples tandis que d’autres représentent un véritable défi intellectuel. La satisfaction de résoudre ces énigmes complexes constitue un aspect agréable du jeu, démontrant que les puzzles peuvent enrichir l’expérience lorsqu’ils ne sont pas obligatoires pour progresser.
Onimusha 2 se distingue des autres opus de la série par son système d’influence sur l’histoire grâce à une mécanique de cadeaux. Au début du jeu, vous explorez un village minier où vous pouvez acheter des objets et interagir avec les habitants, à la manière d’un RPG. C’est dans ce cadre que vous rencontrez quatre personnages qui deviendront vos compagnons : Oyu, Ekei, Magoichi et Kotaro, tous inspirés de figures historiques réelles.
Ces personnages vous assistent au combat et, à certains moments, vous en prenez directement le contrôle. Bien que cela puisse sembler complexe, leurs mécaniques de jeu restent suffisamment proches de celles de Jubei, le protagoniste principal, pour être facilement maîtrisées. Chacun possède néanmoins des spécificités qui leur confèrent une identité propre.
Il est impossible d’incarner tous les personnages durant une seule partie, à l’instar du système des Einherjar dans Valkyrie Profile 2. C’est là qu’intervient la mécanique des cadeaux. De nombreux objets sans fonction apparente peuvent être offerts aux quatre compagnons, avec des effets variables selon le destinataire. Ces dons influencent une valeur qui détermine plusieurs aspects de l’intrigue et les personnages que vous contrôlerez dans certaines sections.
En retour, vous recevez parfois des cadeaux que vous pouvez offrir à d’autres personnages, ou des objets utiles comme des médicaments ou des joyaux de pouvoir. Ce système présente une profondeur surprenante : certains articles uniques ne sont disponibles que si vous offrez un objet spécifique à un personnage précis, et certains de ces objets peuvent eux-mêmes être des cadeaux reçus précédemment. Cette mécanique bien pensée constitue une distraction agréable qui enrichit l’expérience de jeu.
L’histoire d’Onimusha 2 manque du sentiment d’urgence présent dans le premier volet. Les premières heures se déroulent lentement, ce qui peut être considéré comme un avantage puisque cela permet davantage d’interactions avec les personnages. Cependant, la seconde moitié du jeu devient plus linéaire, limitant les interactions et supprimant l’accès à la boutique, rendant l’or accumulé pratiquement inutile.
La narration remplit correctement son rôle sans être exceptionnelle. Certains moments divertissants émergent, vous savez déjà à quoi vous attendre avec les jeux capcom de l’époque : un récit efficace mais sans grande originalité.
Onimusha 2 brille par ses magnifiques décors pré-rendus. La diversité des environnements est remarquable : montagnes, villages en ruines, grottes et bien d’autres lieux composent un univers visuel riche. Ces arrière-plans, combinés aux angles de caméra fixes, créent une atmosphère tendue puisque vous ne savez jamais ce qui vous attend au détour d’un couloir.
Les amateurs de survival horror apprécieront cette approche, bien que certaines zones souffrent de problèmes de caméra, particulièrement dans les corridors étroits où se succèdent différentes perspectives. Certains angles zooment excessivement, compliquant l’évaluation de la distance entre le joueur et les ennemis, ce qui peut être frustrant. Pour ceux ayant joué au premier Onimusha, le système de caméra reste similaire, avec ses qualités et ses défauts.
La bande sonore remplit efficacement son rôle en complétant l’ambiance visuelle, sans toutefois présenter de morceaux particulièrement mémorables comparativement aux opus ultérieurs de la série. Elle s’intègre néanmoins harmonieusement au cadre du jeu, même si elle n’incite pas à une écoute hors contexte.
Onimusha 2 se distingue comme l’un des meilleurs beat’em up 3D de son époque, malgré quelques imperfections. Il représente un choix judicieux pour les amateurs de ce genre appréciant également les éléments d’horreur de survie. Le jeu parvient à établir un équilibre entre ces deux styles, offrant ainsi une expérience susceptible de satisfaire les deux publics.
Il convient toutefois de préciser qu’Onimusha 2 demeure fondamentalement un jeu d’action. Les joueurs à la recherche d’une expérience d’horreur de survie pure pourraient être déçus par l’absence relative de facteur de peur, conséquence directe du fait d’incarner un puissant samouraï.
Les fans du premier opus se retrouveront en terrain familier avec cette suite qui conserve les éléments appréciés tout en proposant de nouveaux environnements et défis. L’atmosphère visuelle créée par les décors pré-rendus constitue l’un des points forts du titre, contribuant significativement à son identité.
Onimusha 2 représente une évolution cohérente de la formule établie par son prédécesseur. Il propose une expérience hybride entre le beat’em up et l’horreur de survie, avec un accent plus marqué sur l’action. Sa réussite tient principalement à son ambiance visuelle soignée et à son gameplay accessible, malgré quelques limitations techniques inhérentes à son époque, notamment concernant la gestion des caméras dans certains environnements confinés.