Simon The Sorcerer Origins

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Graphisme8.5
Animation8.5
Gameplay7.5
Bande-Son8
Intérêt7.7
8

Trente ans après son apparition sur Amiga et MS-DOS, Simon revient enfin dans une aventure qui raconte ses origines. Développé par le studio italien Smallthing Studios et édité par ININ Games, Simon The Sorcerer Origins nous replonge dans l’univers magique et sarcastique de ce sorcier adolescent qui a marqué toute une génération de joueurs et il ne porte pas de cicatrice sur son front. Ce point-and-click s’annonce comme une préquelle officielle qui se déroule quelques semaines avant les événements du tout premier jeu de 1993.

Tu es un sorcier Simon

L’histoire de Simon The Sorcerer Origins débute dans un cadre très terre-à-terre. Simon est un adolescent britannique typique, sarcastique et rebelle, qui vient de déménager avec ses parents suite à une expulsion scolaire qu’il juge totalement injuste. Dans sa nouvelle maison, alors qu’il explore les lieux, un événement mystérieux le propulse dans un monde magique où une prophétie ancestrale annonce l’arrivée d’un « enfant impertinent venant d’un autre monde » car…..Tu es un sorcier Simon.

On retrouve rapidement Calypso, le vieux sorcier emblématique de la série, qui devient un mentor et une figure de grand-père symbolique pour Simon. Le jeune garçon découvre qu’il doit retrouver d’anciens grimoires magiques et s’inscrire à l’académie de magie pour comprendre comment rentrer chez lui. Cette quête apparemment simple se complexifie avec l’apparition de Sordid, le sorcier maléfique qui tire les ficelles depuis l’ombre. Le récit prend son temps pour installer ses personnages et son univers, avec une approche qui privilégie l’humour et les situations absurdes plutôt que l’action pure, un choix totalement assumé.

L’histoire joue sur le décalage entre Simon et ce monde magique. Notre héros ne comprend rien à ces conventions de fantasy et le fait savoir avec un cynisme prononcé. Les dialogues regorgent de répliques où Simon critique ouvertement les clichés du genre, casse le quatrième mur pour s’adresser directement au joueur, ou se moque des situations ridicules dans lesquelles il se retrouve. La narration reste cohérente du début à la fin, rappelant la bonne époque des jeux LucasArt comme Monkey Island.

L’écriture adopte un ton typiquement britannique, avec des références à la culture populaire et un humour mordant qui ne cherche jamais à édulcorer la personnalité de Simon. J’ai bien aimé que le jeu n’hésite pas à montrer ses défauts : il vole des objets, laisse des gens dans des situations embarrassantes et se comporte parfois comme un vrai gamin capricieux. Les personnages secondaires sont hauts en couleur, des sorciers incompétents aux créatures bizarres en passant par des marchands excentriques qui apportent chacun leur dose d’absurdité.

La conclusion arrive plus vite qu’on ne le pense. Le jeu dure entre six et huit heures selon notre aisance avec les énigmes, ce qui reste correct pour une aventure point-and-click moderne. Le dénouement fait le lien avec le premier épisode de 1993, n’ayant pas fait les épisodes de cette époque, je pense passer à côté de certaines références pour cette liaison, mais je n’ai pas eu l’effet d’être dérangé, le jeu est fait pour ceux qui ne connaissent pas la saga.

Tu es un Point & Click Simon

Le jeu respecte les fondamentaux du point-and-click classique tout en apportant quelques modernisations bienvenues. On dispose de deux méthodes de contrôle, soit utiliser le stick analogique pour déplacer un curseur à l’écran, ou contrôler directement Simon avec le stick gauche. J’ai préféré la seconde option pour un gameplay plus naturelle à la manette et les objets interactifs se mettent en surbrillance lorsqu’on passe à proximité.

Le système d’interaction a été simplifié par rapport aux anciens jeux de la série. Plus besoin de sélectionner des verbes comme « regarder », « prendre » ou « utiliser » (et oui avant c’était ainsi). Les actions contextuelles s’adaptent automatiquement selon l’objet ou le personnage ciblé. L’inventaire se consulte en appuyant sur une touche et s’affiche sous forme de grille où l’on peut combiner des objets entre eux.

Les énigmes constituent le cœur de l’expérience et c’est là que le jeu divise le plus. Smallthing Studios a voulu rester fidèle à l’esprit parfois retors des point-and-click des années 90, avec toutes les conséquences que cela implique. Certaines énigmes sont brillantes et nous font sourire par leur logique absurde typique de l’univers.

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Malheureusement, d’autres énigmes souffrent d’une conception frustrante qui relève davantage de trouver l’objet à l’écran que de la logique. Je m’explique, j’ai été bloqué non pas parce que la solution était logique, mais simplement parce qu’un objet minuscule était difficilement visible à l’écran. Pire encore, certaines combinaisons d’objets semblent totalement arbitraires et ne répondent à aucune logique intuitive. On finit alors par tester systématiquement tous les objets de l’inventaire sur tous les points interactifs.

Je ne suis pas un adepte d’être pris par la main comme le font certains gros jeux, contrairement à beaucoup de point-and-click modernes qui intègrent un système d’aide progressif, Simon ne possède aucun système d’aide. Le jeu nous laisse complètement livrés à nous-mêmes. Si on bloque sur une énigme, on reste bloqué, point final. Cela peut devenir rapidement décourageant, surtout que certaines solutions nécessitent d’avoir effectué des actions spécifiques dans un ordre précis, sans aucun indicateur pour nous guider. Dommage qu’aucune option d’accessibilité ne permette d’obtenir un indice après un certain temps de blocage.

Le jeu intègre également quelques mécaniques de magie et d’alchimie. Simon apprend progressivement des sorts élémentaires qu’il peut utiliser dans certaines situations. Ces moments où l’on doit mélanger des ingrédients ou activer des dispositifs magiques apportent une touche d’originalité, mais le système reste assez superficiel et n’est pas plus exploité vis-à-vis de l’univers du jeu.

Les déplacements entre les zones s’effectuent via une carte qui se débloque progressivement. C’est une bonne chose car le monde reste relativement petit et on fait beaucoup d’allers-retours entre les différents lieux. Chaque zone possède sa propre ambiance.

Tu es un dessin Simon

Cet épisode marque une rupture totale avec le pixel art des jeux originaux. Smallthing Studios a opté pour un style entièrement dessiné à la main qui évoque les dessins animés des années 90, dans la lignée des productions Disney ou Don Bluth. Cette direction artistique a été réalisée par une équipe d’animateurs qui ont travaillé sur le film Netflix Klaus, ce qui explique la qualité du rendu. Les décors regorgent de détails peints avec soin, créant des tableaux colorés et chaleureux qui invitent à l’exploration. Tu es un dessin Simon.

Les animations ont été réalisées image par image selon la technique traditionnelle, ce qui donne une fluidité remarquable aux mouvements des personnages. Simon possède de nombreuses animations expressives : il lève les yeux au ciel, croise les bras avec exaspération, fait des gestes théâtraux lors des dialogues. Ces petits détails renforcent considérablement sa personnalité à l’écran. Les personnages secondaires bénéficient du même traitement, avec des expressions faciales variées et des animations spécifiques qui les rendent mémorables, chapeau de ce côté-là.

Les environnements sont riches et variés, même si certains décors peuvent paraître un peu vides en termes d’objets interactifs. Chaque lieu possède son identité visuelle propre avec une palette de couleurs adaptée et remplie de petits détails et d’animations en arrière-plan.

Les cinématiques bénéficient d’un travail d’animation plus poussé encore que les phases de gameplay, créant de véritables moments de pur spectacle visuel. La transition entre gameplay et cinématique se fait d’ailleurs de manière très fluide puisque le même style graphique est utilisé partout.

Le jeu tourne de manière absolument parfaite sur Xbox Series X. Aucun ralentissement, aucun bug graphique majeur constaté lors de notre session de test. Les temps de chargement sont quasiment inexistants et les transitions entre les zones s’effectuent instantanément.

Le seul véritable défaut graphique concerne parfois la lisibilité des objets interactifs mentionnés plus haut. Certains éléments importants se fondent un peu trop dans le décor en raison de la richesse visuelle des environnements. On se retrouve alors à scruter chaque centimètre carré de l’écran pour trouver le petit objet qui nous fait avancer. Un mode de surbrillance plus marqué aurait été bienvenu pour les joueurs moins patients.

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Tu es une musique Simon

La bande originale a été composée par Mason Fischer, un compositeur expérimenté qui a notamment travaillé sur Eye of the Beholder 3 et la franchise F.E.A.R. Sa musique capture parfaitement l’atmosphère fantaisiste et légèrement décalée de l’univers, avec des thèmes orchestraux qui évoquent les grandes aventures tout en conservant une touche d’humour. Les mélodies principales restent en tête longtemps après avoir arrêté de jouer.

Chaque zone possède son propre thème musical. Les transitions musicales se font naturellement sans rupture brutale. Certains morceaux réarrangent d’ailleurs subtilement des thèmes de la bande originale du premier Simon The Sorcerer de 1993, offrant un clin d’œil nostalgique aux fans de la première heure.

La plus grosse surprise musicale reste la présence de Rick Astley dans la bande-son. Oui, oui vous avez bien lu, l’interprète du célèbre « Never Gonna Give You Up » participe au projet avec sa chanson « Together Forever » qui apparaît dans le jeu.

Les effets sonores sont également très réussis. Chaque action possède son bruitage distinctif, que ce soit le cliquetis des objets ramassés, le bruit des portes qui grincent ou les sons magiques lors de l’utilisation de sorts. L’ambiance sonore de chaque lieu est également travaillée avec des bruits d’ambiance propre à chaque zone.

Chris Barrie, l’acteur britannique connu pour son rôle dans Red Dwarf et qui avait déjà prêté sa voix à Simon dans les versions CD-ROM des deux premiers jeux dans les années 90, revient interpréter le personnage trente ans après.

Les autres personnages bénéficient également d’un doublage de qualité avec des voix distinctives qui correspondent parfaitement à leur apparence et leur personnalité. Les dialogues sont entièrement doublés en anglais et en allemand avec les acteurs originaux des premiers jeux, tandis que d’autres langues disposent uniquement de sous-titres. Le jeu propose des sous-titres en français de bonne qualité avec une traduction qui capture bien l’humour britannique du texte original, même si certaines nuances se perdent inévitablement.

On peut juste regretter que parfois les dialogues semblent légèrement désynchronisés avec les animations labiales, donnant une impression de décalage. Ce défaut reste mineur mais perceptible lors de certaines conversations.

Tu es de retour Simon

Simon The Sorcerer Origins réussit le pari difficile de ramener cette franchise culte après des années d’absence tout en lui donnant une identité visuelle et sonore moderne. Les fans de point-and-click classiques trouveront ici une aventure qui assume pleinement ses influences tout en apportant quelques modernisations bienvenues. La direction artistique dessinée à la main est superbe, la bande-son efficace et le retour de Chris Barrie au doublage constitue un véritable bonheur nostalgique. L’humour britannique fonctionne toujours aussi bien et Simon reste un personnage attachant malgré son caractère désagréable.

L’absence totale de système d’indices combinée à des énigmes parfois trop obscures risque de décourager certains joueurs. La durée de vie relativement courte peut également décevoir au vu du prix demandé, surtout que le jeu n’offre quasiment aucune rejouabilité une fois l’aventure terminée. Nous aurions également apprécié davantage de développement sur les mécaniques de magie et d’alchimie qui restent finalement assez anecdotiques.

Il faut aussi accepter que ce jeu s’adresse avant tout aux amateurs du genre et aux nostalgiques de la série. Si vous n’avez jamais accroché aux point-and-click ou que vous recherchez une expérience plus guidée et accessible, vous risquez de vous heurter aux mêmes frustrations qui faisaient déjà débat dans les années 90. À l’inverse, si vous avez grandi avec les Monkey Island, Day of the Tentacle et autres classiques du genre, vous retrouverez ici cette sensation particulière de devoir vraiment réfléchir et explorer méthodiquement pour progresser.

C’est un retour en forme pour Simon qui méritait ce nouveau départ après tant d’années d’absence, et on espère que ce préquel permettra à Smallthing Studios de développer une suite qui corrigera les défauts tout en conservant les qualités de cet Origins.

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