Unknow 9 : Awakening
Unknown 9: Awakening est un jeu qui aspire à se tailler une place parmi les grandes aventures narratives, mais sa réalisation laisse rapidement entrevoir des faiblesses. Dès le début, le joueur est transporté dans des environnements évoquant des mondes arabisants, imprégnés d’une atmosphère mystérieuse et mystique. Malheureusement, cette richesse thématique n’est pas soutenue par une qualité graphique à la hauteur des standards actuels. Les textures manquent de finesse, et l’ensemble des décors semble daté, comme si le jeu appartenait à une génération précédente de consoles. Un comble, surtout sur une Xbox Series X, où l’on s’attend à une maîtrise technique bien plus avancée. La modélisation des environnements, bien que conceptuellement intéressante, manque cruellement de profondeur, et le framerate instable ne fait qu’aggraver la situation. Cette combinaison affaiblit l’immersion, un élément pourtant crucial dans ce type d’aventure.
L’histoire, centrée sur une héroïne dotée de pouvoirs télékinétiques, emprunte les traits de l’actrice Anya Chalotra (bien connue pour son rôle de Yennefer dans The Witcher). Ce choix apporte une certaine familiarité pour les amateurs de fantasy, mais l’écriture du personnage et la manière dont ses pouvoirs sont intégrés au gameplay laissent à désirer. L’intrigue, sans être révolutionnaire, parvient toutefois à susciter un intérêt autour de ce mystérieux pouvoir de manipulation à distance, hérité d’une ancienne civilisation. Le monde d’Unknown 9 s’articule autour de légendes oubliées, de sociétés secrètes, et d’une quête existentielle, mais le récit n’exploite pas pleinement ces thèmes. Le potentiel narratif est bien là, mais il reste en grande partie sous-développé, peut-être à cause du manque de cohésion entre l’histoire et la structure du jeu.
Sur le plan du gameplay, Unknown 9: Awakening mise sur une approche extrêmement assistée, qui rend l’expérience très accessible, voire trop. Le joueur se contente souvent d’appuyer sur un seul bouton pour accomplir la majorité des actions, qu’il s’agisse de sauter, d’escalader ou d’interagir avec l’environnement. Cette simplicité, bien que fluide, finit par rendre l’ensemble trop linéaire et dirigiste, un défaut déjà reproché à de nombreux autres jeux du genre. L’absence de véritable challenge dans l’exécution des actions diminue l’implication du joueur, et on se retrouve à parcourir le jeu de manière passive, sans cette sensation d’exploration ou de maîtrise que l’on attend d’une aventure de ce calibre.
Cela dit, l’expérience de jeu reste intéressante et amusante, grâce à de nombreuses idées inventives de suppression d’ennemis. Unknown 9 introduit des possibilités intéressantes comme la prise de possession d’ennemis. Cette mécanique permet de sauter de l’un à l’autre et de déclencher une série de mouvements léthaux en cascade. La construction de ces enchaînements est vraiment marrante et jouissive, créant des situations épicées qui relèvent l’intensité des combats en créant le chaos dans les rangs adverses. Le jeu emprunte en tous cas des idées aux tactical RPG en mettant le combat en pause, l’idée est assez originale.
Les combats, eux, sont assez simplistes. Si les mécanismes de base, tels que les coups normaux et les coups puissants pour briser la garde, existent, ils manquent d’originalité et ne réussissent pas à renouveler l’intérêt au fil du jeu. Ce système aurait pu être enrichi par des combos plus élaborés ou une dynamique plus nerveuse, mais le tout reste basique, voire répétitif. La caméra se positionne aussi parfois maladroitement, ce qui peut engendrer une frustration supplémentaire qui entache l’expérience de jeu, même lors des moments d’action les plus intenses.
Cependant, l’originalité du titre réside davantage dans ses phases d’infiltration. Là, le joueur peut interagir avec les décors à distance grâce aux pouvoirs télékinétiques de l’héroïne, un concept qui rappelle Split Second dans sa manière d’utiliser l’environnement à distance pour piéger l’adversaire, ou encore Star Wars Outlaws, avec l’utilisation d’un compagnon pour manipuler des éléments du décor. Ici, l’héroïne n’a pas besoin d’un compagnon ; elle contrôle directement les objets en les activant pour tendre des pièges ou détourner l’attention des ennemis.
Vous pouvez aussi éliminer vos ennemis de manière classique, en vous approchant discrètement par derrière. Mais vous pouvez aussi pousser vos ennemis à distance vers des éléments explosifs ou dangereux. L’idée est séduisante, mais elle souffre d’une mise en œuvre imparfaite. On ressent parfois que ces moments, censés être intenses et jouissifs, manquent de finition, comme si le timing ou la réactivité des actions n’étaient pas optimisés. Cela dit, ces phases apportent une certaine originalité dans la manière d’aborder l’infiltration et permettent de jouer avec les mécaniques du décor, car même si elles ne sont pas exemptes de maladresses, il faut reconnaître que les possibilités sont riches et variées, en tous cas bien plus que dans la plupart des titres du même genre.
En fin de compte, Unknown 9: Awakening est un jeu qui ne manque pas d’idées, mais qui semble avoir été précipité dans sa sortie. La technique ne suit pas les ambitions des développeurs, et l’ensemble aurait probablement mérité plusieurs mois de développement supplémentaires pour atteindre le niveau de qualité que ce type de jeu exige. Les graphismes datés, le framerate vacillant, les combats répétitifs et l’absence de polish nuisent à ce qui aurait pu être une aventure mémorable. Malgré tout, on ne peut s’empêcher de reconnaître que le jeu tente d’apporter de nouvelles idées, notamment avec ses pouvoirs télékinétiques et ses phases d’infiltration originales. Cependant, cela ne suffit pas à compenser les nombreuses faiblesses techniques. Un retard dans la sortie aurait sans doute permis d’offrir un produit plus abouti, mais il est probable que l’éditeur ait décidé de ne pas prolonger les coûts de développement, lançant ainsi le jeu avant qu’il ne soit réellement prêt. Le résultat est un titre qui a du potentiel, mais qui reste malheureusement inachevé malgré une direction artistique appréciable.
