Avec l’ouverture de la licence Star Wars à d’autres éditeurs grâce à Disney, Ubisoft s’est emparé de l’opportunité pour nous offrir Star Wars Outlaws, un jeu d’aventure ambitieux qui se déroule entre les épisodes IV et V. Bien que ce titre prenne des allures de spin-off, il s’intègre parfaitement dans l’univers de la saga en nous faisant incarner Kay Vess, une jeune voleuse au cœur d’or dont les valeurs et l’attitude rappellent indéniablement celles d’un certain Han Solo.
L’histoire se déroule dans les bas-fonds de la galaxie, où Kay, accompagnée de son fidèle compagnon Nix, tente de se tailler une place au sein du monde interlope des contrebandiers et criminels. Le jeu respire l’esprit Star Wars, avec une reconstitution fidèle des cantinas crasseuses, des ruelles poussiéreuses et des environnements usés par le temps. Pour ceux qui ont eu la chance de visiter les quartiers Star Wars reconstitués à Walt Disney World, l’authenticité des décors d’Outlaws est frappante. Ubisoft a brillamment capturé cette ambiance à la fois familière et immersive.
Visuellement, Star Wars Outlaws brille par sa direction artistique. Le respect de l’univers, tout en apportant une touche d’originalité, est un des points forts du titre. Que ce soit la gestion des lumières, les textures des environnements, ou encore la flore abondamment brassée par le vent, tout contribue à plonger le joueur dans l’immersion. Les paysages désertiques, les cités tentaculaires, et même les intérieurs des vaisseaux respirent cette patine usée si caractéristique de Star Wars. J’ai joué en mode performance sur Xbox Series X, et le jeu offre une belle fluidité tout en étant graphiquement très agréable, malgré quelques légères baisses de framerate observées lors de certaines séquences intenses. Techniquement, le jeu aurait toutefois bénéficié d’un peu plus de polish. Quelques imperfections visuelles, notamment des glitchs dans les cheveux des personnages, et quelques ralentissements de framerate viennent parfois casser l’immersion. Ces défauts sont particulièrement visibles lors des phases d’action les plus intenses, où l’on aurait aimé une expérience plus lisse pour pleinement apprécier l’aventure.
Côté effets spéciaux, Star Wars Outlaws s’illustre avec un ray tracing efficace, notamment pour les points d’eau qui bénéficient de reflets d’une grande fidélité. Les environnements aquatiques sont particulièrement bien rendus, et les jeux de lumière sur l’eau ajoutent une touche de réalisme bienvenue. Cependant, on observe aussi quelques artefacts étranges, notamment dans les conduits d’aération où des effets sur des textures donnent parfois l’impression qu’il pleut à l’intérieur des conduits d’évacuation. Ce genre de détail peut surprendre et déstabiliser, car il contraste avec le soin apporté au reste de l’environnement. À l’inverse, on ne peut que saluer le rendu des traces dans la neige, qui sont d’une précision impressionnante. La belle poudreuse que l’on traverse laisse des marques réalistes et persistantes, renforçant l’immersion dans ces environnements enneigés.
Un autre point notable est l’aspect cinématographique du jeu, renforcé par l’utilisation du format écran large 21:9, qui accentue l’impression de vivre un véritable film Star Wars. Ce choix esthétique fonctionne très bien pour amplifier l’immersion, mais Ubisoft a pensé à tout, y compris aux joueurs qui pourraient trouver ce format trop restrictif ou qui préfèrent un affichage plus conventionnel. Il est ainsi possible de désactiver ce mode et de revenir à un format 16:9 classique via les options du jeu, offrant une flexibilité bienvenue.
Sur le plan du gameplay, Star Wars Outlaws propose une expérience à double tranchant. D’un côté, l’interaction avec le monde, via les gâchettes principales et secondaires, est bien pensée, en particulier grâce à l’utilisation ingénieuse de Nix, votre compagnon animal. Ce dernier peut voler des objets, distraire des ennemis, ou interagir avec l’environnement, dans un style rappelant les mécaniques d’Assassin’s Creed. Cependant, l’ergonomie des commandes laisse parfois à désirer. Le mapping des boutons s’avère peu intuitif, notamment l’utilisation des sticks cliquables pour valider des actions ou collecter des objets, ce qui peut s’avérer frustrant dans l’action. De plus, l’absence de personnalisation des commandes limite les possibilités d’adaptation aux préférences de chaque joueur, ce qui est regrettable pour un titre de cette envergure.
Nix est bien plus qu’un simple allié : il est un véritable prolongement de Kay. Ce petit acolyte peut récupérer des objets inaccessibles, activer des interrupteurs éloignés, et même jouer un rôle crucial dans les combats. Par exemple, Nix peut distraire les ennemis ou les caméras de surveillance, permettant à Kay de s’infiltrer plus facilement. De plus, il est capable d’attaquer temporairement un ennemi, créant ainsi une ouverture pour que Kay puisse l’achever ou l’assommer tout en approchant l’ennemi sans grande discrétion. Ces éliminations en deux temps dénotent d’une approche discrète par derrière avant de valider l’attaque fatale avec le bouton X pour assommer l’adversaire, une technique bien plus répandue dans les jeux que Kay peut également pratiquer. Ces interactions ajoutent une dimension tactique aux affrontements et à l’exploration, rendant chaque rencontre plus dynamique.
L’une des capacités spéciales de Kay est sa possibilité de déclencher une série d’éliminations ciblées, qui permet de neutraliser plusieurs ennemis en succession rapide. Cette mécanique ajoute une touche cinématique aux combats, en permettant des enchaînements spectaculaires qui rappellent les grandes scènes d’action des films. En outre, le blaster de Kay propose plusieurs options de tir, chacune adaptée à des situations différentes. Le joueur peut opter pour des tirs moins puissants mais plus fréquents, idéaux pour les combats rapprochés, ou pour des tirs plus concentrés et puissants, capables de percer des défenses plus solides. Il est également possible de tirer des salves ioniques, non seulement efficaces contre les ennemis robotiques mais aussi nécessaires pour alimenter certains dispositifs électriques et résoudre des énigmes environnementales. Cette flexibilité dans les options de tir permet aux joueurs d’adapter leur stratégie en fonction des adversaires rencontrés et des défis à relever.
Le jeu fait également la part belle aux échanges de tirs et à l’infiltration, permettant aux joueurs de choisir leur approche en fonction de la situation. Qu’il s’agisse de se faufiler discrètement dans l’ombre ou de dégainer son blaster pour des combats nerveux, le jeu offre une belle diversité dans les styles de jeu. Ces phases sont d’ailleurs enrichies par des séquences de plate-forme rappelant celles de la série Uncharted, où Kay doit sauter, grimper et se frayer un chemin à travers des environnements parfois vertigineux. Ces moments apportent une dynamique supplémentaire à l’aventure, mêlant habilement exploration et action dans une ambiance cinématographique.
Ubisoft a également pris soin de soigner le pilotage des vaisseaux, une tâche souvent délicate dans ce genre de jeu. Ici, la prise en main est bien pensée et offre une véritable sensation de liberté dans l’espace, sans tomber dans la complexité inutile. Alors que le pilotage de vaisseaux peut rapidement devenir un exercice périlleux dans les jeux vidéo, Star Wars Outlaws réussit à rendre cette activité non seulement accessible, mais aussi extrêmement convaincante. On ressent véritablement la puissance et l’agilité des vaisseaux, ajoutant une dimension supplémentaire à l’immersion et au plaisir de jeu.
Un autre aspect à mentionner est la lecture de la carte, qui peut paraître assez peu intuitive au premier abord. Contrairement à de nombreux jeux modernes où la navigation est simplifiée au maximum, Star Wars Outlaws adopte une approche plus subtile, presque volontairement cryptique. Cette décision de design semble délibérée, visant à ne pas mâcher le travail aux joueurs, mais plutôt à encourager l’exploration et la réflexion. C’est en effet en écoutant certains dialogues et en allant parler à des habitants que vous obtiendrez des indices : par exemple, on vous donnera comme information d’aller parler au barman de la cantina du coin, conférant au titre un petit côté RPG. La carte du jeu, bien que détaillée, nécessite une certaine prise en main pour être pleinement maîtrisée. Les indications sont présentes, mais elles ne sont pas toujours évidentes, ce qui pousse le joueur à s’investir davantage dans la recherche de son chemin. Plutôt que de simplement suivre un point lumineux qui indique la destination exacte, le joueur doit ici comprendre où il doit se rendre, tout en déterminant comment y arriver. Cette approche ajoute une couche de challenge et d’immersion supplémentaire, car elle force à réfléchir sur la meilleure manière d’atteindre un objectif plutôt que de suivre un itinéraire pré-tracé. Cela peut être frustrant pour certains, habitués à des jeux où la navigation est plus guidée, mais c’est aussi un moyen de renforcer l’autonomie du joueur et son implication dans l’aventure.
En parallèle, le jeu offre des options de voyage rapide, un outil précieux dans un monde aussi vaste. Cependant, Ubisoft a pris soin de ne pas rendre ces voyages trop omniprésents ou automatiques, évitant ainsi de briser l’immersion. Les points de voyage rapide sont suffisamment espacés pour encourager l’exploration, tout en restant pratiques pour éviter des trajets fastidieux. Cela permet de conserver un bon équilibre entre le désir de se plonger dans l’univers et la nécessité d’avancer dans l’intrigue sans perte de temps inutile.
Le jeu introduit également quelques idées de mini-jeux parfois déconcertants, comme le crochetage qui se fait de manière rythmée. Si cette mécanique ne plaît pas, il est heureusement possible de la désactiver dans les options. Ces dernières permettent réellement de configurer le jeu selon ses préférences, offrant ainsi une flexibilité appréciable. En revanche, le système de piratage, inspiré du jeu Motus, est assez amusant et constitue un ajout rafraîchissant qui parvient à se démarquer. Les mini-jeux ne s’arrêtent pas là : vous trouverez des jeux vidéo, un jeu de cartes qui ressemble au Poker (le Sabbac) et même des paris qui permettent de gagner des crédits précieux. Parmi ces mini-jeux, il y a un hommage intéressant aux jeux d’arcade des années 80 : un jeu vidéo en 3D fil de fer, qui évoque les premiers jeux en 3D de cette époque. Ce clin d’œil nostalgique est une preuve supplémentaire de la passion des développeurs pour l’univers du jeu vidéo et leur désir de rendre hommage aux classiques tout en offrant une expérience moderne. D’ailleurs, le jeu est bourré d’Easter Eggs. Mension spéciale à Nix qui fait le mort lorsque Kay le tient dans son viseur : c’est trognon à souhait.
Là où Star Wars Outlaws réussit particulièrement, c’est dans sa capacité à capturer l’essence de Star Wars sans pour autant dépendre des éléments les plus emblématiques comme les sabres laser ou les Jedi. Les amateurs de la saga retrouveront avec plaisir les bruitages caractéristiques des blasters, la musique immersive de la série, et cette atmosphère unique qui allie aventure, mystère, et opéra spatial. La bande-son, en particulier, mérite d’être soulignée. Les compositeurs ont utilisé des instruments issus de l’univers de Star Wars, comme le cuica et l’ek-tara, pour reproduire fidèlement les sonorités familières des films. Ce choix ajoute une dimension supplémentaire à l’immersion, rendant chaque moment encore plus authentique. Le doublage est également un point fort du titre, avec des voix impeccablement choisies qui donnent vie aux personnages et renforcent l’immersion. Cependant, malgré cette attention au détail, les animations faciales restent en retrait. Elles manquent de fluidité et de nuance, ce qui est particulièrement visible lors des dialogues, où l’expression des émotions laisse parfois à désirer. Ce contraste entre la qualité du doublage et la faiblesse des animations faciales peut parfois sortir le joueur de l’expérience.
Du côté des bugs, outre la polémique avant la sortie du jeu sur laquelle je ne m’étendrai pas, j’ai remarqu’ que le jeu supporte mal le Quick Resume : j’ai eu droit (pas à chaque fois) à des baisses de framerate comme c’était également le cas avec Beyond Good And Evil. Ubisoft a-t-il des soucis avec cette fonctionnalité. J’ai du aussi rebooter mon jeu suite à une impossibilit de valider des actions avec Nix. La situation était bloquante et j’ai lu sur le net que d’autres joueurs ont souffert de la même situation.
Enfin, le scénario est un autre point fort du jeu. L’histoire, bien que s’inscrivant dans un contexte déjà riche et complexe, parvient à captiver sans tomber dans les clichés habituels de la saga. Les dialogues sont percutants et les personnages secondaires, bien que parfois stéréotypés, apportent une profondeur supplémentaire à l’histoire. Le récit explore des thèmes comme la loyauté, la survie et la rédemption, tout en offrant des rebondissements qui maintiennent l’intérêt du joueur tout au long de l’aventure.
Le cœur du jeu repose sur les missions que vous devrez accomplir pour divers groupes influents de la galaxie, tels que l’Aube Écarlate, les Hutts, et bien d’autres factions. Chaque mission vous amène à faire des choix cruciaux qui impactent directement vos relations avec ces factions. Si vous favorisez une faction, vous pourrez circuler librement dans ses zones d’influence, où vous serez accueilli favorablement. À l’inverse, trahir une faction ou négliger ses intérêts peut vous rendre persona non grata dans ses territoires, transformant certaines zones de la galaxie en véritables terrains hostiles.
Ce qui est assez amusant, c’est que vous pouvez être aussi opportuniste qu’une girouette ou donner allégeance à un faction. J’ai par exemple appris en pleine mission que ma mission pouvait nuire à ma faction préférée. J’ai donc choisi de trahir la faction qui me missionnait pour ne pas nuire à celle que j’aime bien. Ce système est fort appréciable car il est riche en rebondissements et, s’il est difficile de jauger de l’impact de nos choix, j’ai quand même pu observer des situations suffisamment radicales que pour supposer que d’autres choix auraient créé des situations différentes. D’ailleurs, les missions vous laissent pas mal de choix. Vous pouvez passer via divers endroits, Vous pouvez aussi prendre des décisions stratégiques diamétralement opposées comme éliminer vos ennemis discrètement ou attendre que le groupe de soldats s’approche d’un tonneau explosif pour éliminer tout le monde dans un feu d’artifice doté de jolis effets pyrotechniques mais sans conséquence pour votre discrétion puisque vous ne laisserez aucun témoin derrière vous.
Malgré l’attrait de ces alliances et rivalités, le jeu souffre d’une certaine redondance dans ses mécaniques de gameplay. Certaines missions peuvent se révéler répétitives, et les environnements, bien que variés, manquent parfois d’une profondeur qui aurait pu renforcer l’immersion. De plus, certaines animations, notamment celles des personnages non jouables, peuvent paraître rigides, ce qui peut casser légèrement l’immersion dans les moments plus intenses.
Heureusement, cette monotonie est partiellement compensée par un bel arc de progression. En effet, à mesure que vous avancez dans le jeu, vous aurez la possibilité de développer vos talents, de personnaliser vos armes et vos véhicules, tant sur le plan fonctionnel que cosmétique. Cette gestion fine de votre équipement et de vos compétences permet d’ajouter une dimension stratégique qui enrichit l’expérience et offre aux joueurs une sensation de progression tangible.
En résumé, Star Wars Outlaws est une aventure immersive qui ravira les fans de la saga tout en proposant des mécaniques de gameplay solides et innovantes. Avec ses visuels impressionnants, sa direction artistique soignée, et ses nombreux mini-jeux, il parvient à capturer l’esprit de l’univers Star Wars tout en offrant une expérience de jeu riche et variée. Les quelques imperfections techniques, la redondance dans certaines mécaniques de gameplay, et les moments de frustration avec la carte ne sont que des détails mineurs dans une aventure globale qui mérite le détour, qui offre une immersion digne de l’univers gaactique tant apprécié et qui laisse entrevoir un avenir prometteur pour la collaboration entre Ubisoft et la licence Star Wars qui s’offre ici une histoire digne des versions cinématographiques.